Le gouvernement irakien a mis en garde les compagnies pétrolières internationales contre tout achat de cargaison de pétrole provenant de la région semi-autonome du Kurdistan, et a confirmé qu’il intenterait une action en justice contre tout acheteur de "pétrole volé".
"Le ministère du pétrole confirme son avertissement adressé aux compagnies et aux marchés mondiaux, à savoir qu’il ne faut pas acheter la cargaison de pétrole du navire United Leadership, qui est chargé de pétrole brut extrait des champs pétrolifères de la région du Kurdistan", a indiqué le ministère dans un communiqué envoyé à Xinhua par courrier électronique.
Le ministère considère cette cargaison de pétrole comme étant "du pétrole volé, de contrebande" qui a passé la frontière illégalement sans autorisation du gouvernement fédéral irakien et de son ministère du Pétrole, peut-on lire dans ce communiqué.
Le ministère irakien a confirmé qu’il suivait l’itinéraire du pétrolier United Leadership et qu’il poursuivrait en justice toute compagnie pétrolière ou tout acteur de marché qui effectuerait des transactions sur sa cargaison, ajoute le communiqué.
Précédemment, le gouvernement irakien a déposé une demande d’arbitrage contre la Turquie afin de stopper les cargaisons de pétrole brut destinées à l’exportation en provenance de la région semi-autonome du Kurdistan, mais les Kurdes ont rétorqué que ces cargaisons étaient conformes à la Constitution irakienne.
La demande du gouvernement central a été déposée auprès de la Chambre de commerce internationale, qui siège à Paris ; elle vise le gouvernement turc et sa société d’Etat BOTAS qui gère les oléoducs, et a pour but de faire cesser le transport et les exportations de pétrole en provenance du Kurdistan n’ayant pas obtenu l’accord du gouvernement, indique le communiqué publié la semaine dernière par le ministère irakien du Pétrole.
De son côté, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) considère "illégitime" la décision de Bagdad de demander un arbitrage contre la Turquie, du fait que cette demande ne tient pas compte des droits du GRK prévus par la Constitution irakienne et qu’un tel arbitrage devrait inclure la région du Kurdistan.
"Le ministère du Pétrole (à Bagdad) agit en violation de la Constitution irakienne de 2005, en violation de la loi irakienne et en violation du droit international. Ses menaces vont échouer", a affirmé le GRK dans un communiqué, en réponse à la demande d’arbitrage de Bagdad.
Dans son communiqué, le GRK indique que la demande d’arbitrage de Bagdad vise à empêcher l’exportation de pétrole brut du Kurdistan via l’oléoduc irako-turc, mais il argue du fait que le Kurdistan exporte du pétrole par camions-citernes via la Turquie et l’Iran, et non par l’oléoduc fédéral, depuis des années, en plus de l’exporter par le nouvel oléoduc kurde.
À la fin de l’année dernière, le Kurdistan a achevé la construction de son propre oléoduc vers la Turquie et l’utilise pour acheminer du pétrole jusqu’aux réservoirs de stockage du port turc de Ceyhan.