L’Indonésie cherche une île pour relocaliser les 10 500 demandeurs d’asile enregistrés dans le pays, ont déclaré il y a quelques jours des responsables indonésiens en réponse à un nouveau durcissement de la politique migratoire de l’Australie voisine.
Canberra a en effet annoncé récemment au Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés que le pays n’accueillerait plus de requérants à partir de juillet dernier. Et qu’il réduirait même les quotas d’accueil des personnes enregistrées avant cette date.
Qualifiant de « fardeau » les milliers de migrants en transit qui sont ainsi bloqués en Indonésie, Yasonna Laoly, ministre de la Justice et des droits de l’homme, a déclaré que son pays réfléchissait à relocaliser ces requérants « sur une île ». Une option qui avait été écartée par le passé. « Nous y pensons à nouveau », a affirmé le ministre au quotidien The Australian. « Il ne nous reste qu’à trouver une île. » Déserte, si possible, a pour sa part soutenu Tedjo Edhy Purdijatno, ministre coordinateur de la Politique, du droit, et de la sécurité. Afin bien sûr que les migrants « ne dérangent pas » les locaux.
Le plan a été présenté au président Joko Widodo la semaine dernière. L’Indonésie, comme la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, n’est pas signataire de la Convention de Genève, et n’estime donc pas avoir l’obligation de prendre en charge les demandeurs d’asile. En 2013, le ministère de l’immigration indonésien avait déjà proposé la relocalisation forcée des migrants sur l’île de Sumba, une des plus pauvres et isolées de l’est de l’archipel. Le plan avait finalement été abandonné.
La vaste majorité des migrants, surtout originaires d’Afghanistan, d’Iran, de Somalie et d’Irak, espèrent atteindre l’Australie de manière légale en s’inscrivant au HCR ou en embarquant sur des bateaux de passeurs. Mais l’Australie mène une campagne anti-immigration féroce depuis l’arrivée au pouvoir en 2013 du premier ministre Tony Abbott, élu sur le slogan « Stop aux bateaux ! » L’armée remorque systématiquement les bateaux de migrants qu’elle intercepte à proximité des côtes vers les eaux indonésiennes.
La politique australienne anti-immigration a créé des tensions avec Jakarta, mais, le ministre de l’immigration australien Scott Morrison, a assuré que la dernière mesure annoncée serait bénéfique à l’Indonésie. L’Australie veut, dit-il, que l’Indonésie « cesse de devenir un pays dans lequel [les migrants] attendent d’obtenir un visa pour l’Australie ». Peu convaincues, les autorités indonésiennes ont fait part de leur « grande préoccupation » et l’ambassadeur d’Australie à Jakarta a été convoqué au Ministère des affaires étrangères.