Depuis mai 2001, 20 % du capital de la Société nouvelle du journal L’Humanité sont détenus par un groupe d’investisseurs regroupés dans la Société Humanité investissement pluralisme (SHIP) [1], laquelle a apporté 30 millions de francs au capital du journal et est, de ce fait, représentée à son Conseil de surveillance.
Parmi les investisseurs de la SHIP figure une société du groupe Lagardère SCA (Hachette Filipacchi) qui détiendrait 9 % du capital du journal [2].
En plus d’être présent dans l’armement et l’aéronautique [3], le groupe dirigé par Arnaud Lagardère est le premier éditeur de presse magazine au monde avec plus de 250 titres publiés dans une quarantaine de pays.
Or, en janvier 2012, le fonds souverain de l’émir du Qatar a porté à près de 13% sa participation au capital de Lagardère SCA, devenant ainsi le premier actionnaire du groupe, devant Arnaud Lagardère lui-même.
On peut donc dire qu’aujourd’hui le Qatar contrôle une partie du capital du journal fondé par Jean Jaurès.
Une situation inconfortable quand on sait que les nombreux investissements du Qatar traduisent ses ambitions géostratégiques et que celles-ci sont plus qu’inquiétantes.
Ainsi, en Libye, pour aider à renverser Mouammar Kadhafi, l’émirat a déployé plus de 5 000 membres de ses forces spéciales et a « acheminé de nombreux convois d’armes aux combattants islamistes » [4].
Aujourd’hui, en Syrie, il est en train de rééditer le même scénario avec la complicité du gouvernement français.
Vincent Bolloré a avoué explicitement qu’il n’investissait dans les médias qu’avec l’intention de contrôler leur ligne éditoriale [5].
Peut-on penser que ce soit différent pour ses semblables : Dassault, Bouygues, Rothschild ou Lagardère-Qatar ?