Voici une superbe occasion de recentrer, comme il faut le faire périodiquement dans notre vie politique, les grands jalons qui ont permis au Québec d’exister, et d’abord et avant tout, la France. Clarifions d’entrée de jeu la nuance entre la « Saint-Jean » et la « Fête nationale ».
La fête nationale du Québec, c’est la Saint-Jean-Baptiste
La « Fête nationale du Québec », c’est une appellation introduite par le Parti québécois en 1977, afin d’unir encore davantage les Québécois de tous horizons autour de l’identité québécoise.
Or, la Fête de la Saint-Jean est une fête catholique à l’origine, et qui existe depuis beaucoup plus longtemps comme on peut le lire ici :
Le bûcher de la Saint-Jean se pratiquait jadis à Paris, les autorités de la ville se chargeant de son organisation. Le feu était traditionnellement allumé par le roi de France en personne sur la Place de Grève (actuellement Place de l’Hôtel-de-Ville), coutume qui perdura jusqu’en 1648, date à laquelle Louis XIV officia pour la dernière fois. -Wiki
Mais, il faut dire qu’une fête de la Saint-Jean-Baptiste fut, dès 1834, adaptée par Ludger Duvernay, imprimeur et acteur de la révolte des Patriotes de 1837-1838 (événements dépeints notamment dans le film de Pierre Falardeau, 15 février 1839, sorti en 2001).
Sur les origines de la raison d’avoir choisi la Fête de la Saint-Jean comme fête d’appartenance à la nation « canadienne-française », on peut lire :
Au printemps 1834, Ludger Duvernay et plusieurs membres du Parti patriote participent à la première fête nationale des Irlandais au Bas-Canada. Cette célébration leur donne l’idée de créer un événement similaire pour les francophones du pays afin de les unir et de créer un sentiment d’appartenance à leurs origines.
En mars 1834, Ludger Duvernay, George-Étienne Cartier et Louis-Victor Sicotte fondent la société Aide-toi et le ciel t’aidera, dont Duvernay est président. Les membres de cette société secrète se rassemblent et discutent politique et littérature. Ainsi, Duvernay a l’idée de récupérer la fête païenne du solstice d’été, qui était souvent célébrée dans les paroisses du Bas-Canada, et la Saint-Jean Baptiste devient la fête nationale des Canadiens français. Le Canadien, dans un article du 27 juin 1834, explique le choix de Saint-Jean Baptiste : « Il y a longtemps qu’on donne au peuple l’appellation de Jean-Baptiste, comme on donne à nos voisins celui de Jonathan, aux Anglais celui de John Bull et aux Irlandais celui de Patrick. Nous ignorons qui a pu donner lieu à ce surnom des Canadiens, mais nous ne devons pas le répudier, non plus que la patronisation (sic) que viennent d’établir nos amis de Montréal. » (Rumilly : 20). – Premier banquet de la St-Jean, 1837.qc.ca
Ceux qui sont moins familiers avec l’histoire de la Nouvelle-France, puis l’histoire du Québec, auront de la difficulté à faire la distinction entre « canadien », « canadien-français », puis « québécois ». Clarifions tout cela.
De la Nouvelle-France (1534) au « Québec moderne » en 2015
L’histoire du Québec se résume à presque 500 ans. Plusieurs périodes se succèdent : la « découverte » par Jacques Cartier d’un territoire déjà habité par les Amérindiens, avec l’érection de la Croix de Gaspé le 24 juillet 1534. C’est là le début de la Nouvelle-France, qui sera formée par trois colonies :
La colonie du Canada (mot qui vient d’une langue amérindienne aujourd’hui disparue, le Laurentien, et qui veut dire « village, établissement »).
la colonie de l’Acadie :
Le nom « Acadie » aurait été utilisé pour la première fois sous la forme « Arcadie » en 1524 par l’explorateur italien Giovanni da Verrazano, au service du roi de France François Ier. Il désignait la péninsule de Delmarva, près de Washington, aux États-Unis, dont la végétation abondante rappelait à l’explorateur cette région grecque représentant un lieu idyllique pour les poètes. Au XVIIe siècle, ce nom a été appliqué à une région correspondant à peu près aux actuelles provinces maritimes du Canada1. La lettre « r » aurait disparu à la suite des relations grandissantes avec les Micmacs, passant donc d’« Arcadie » à « Cadie » puis finalement à l’actuel « Acadie » -Wiki
Et la colonie de la Louisiane (elle fut baptisée ainsi en l’honneur du roi Louis XIV par l’explorateur Cavelier de La Salle).
Ainsi, trois territoires de colons Français débarqués dans le Nouveau Monde existaient, avec leur gentilé : Canadien, Acadien, puis Louisianais.