Cravaté de vert, Jean-Marie Le Pen reçoit dans son bureau de Nanterre, au siège du Front national. Sur son bureau trônent la figurine d’un coq gaulois et quelques photos. À deux semaines du premier tour, le président d’honneur du FN, cinq fois candidat à la présidentielle, estime que Nicolas Sarkozy ne pourra pas de nouveau siphonner les voix frontistes, comme il l’avait réussi en 2007.
Le Point.fr : Il semblerait qu’il y a un "état de vigilance orange" autour de vous. On vous bâillonne ?
Jean-Marie Le Pen : Le quidam qui a dit cela prend ses désirs pour des réalités ! Si je suis sorti par la porte, ce n’est pas pour rentrer par la fenêtre. Personne ne m’empêchera jamais de dire ce que je pense : je suis un homme politique en exercice, car je suis député européen et conseiller régional.
Mais il est sûr que mon influence doit gêner certaines personnes qui voudraient modifier la ligne ou l’équilibre interne du FN. Je sais aussi quelles sont les contraintes des campagnes électorales, donc je m’efforce d’être utile à la campagne de Marine Le Pen.
Il peut y avoir des choses que je considère comme utiles à la campagne et que d’autres jugent dangereuses ou superflues ! Ce qui est sûr, c’est que l’on sait qu’il y a un espace historique tabou, alors on ne s’y approche pas !
Citer Brasillach, était-ce utile à la campagne de Marine Le Pen ?
Je n’ai pas fait de discours sur Brasillach, j’ai cité un poème ! Croyez-vous que j’aurais dû m’autocensurer ? Aurais-je dû m’interdire de citer le nom d’un écrivain français au prétexte qu’il a été fusillé à la Libération ?
En tant que présidente du FN et candidate à l’Élysée, Marine Le Pen est très exposée. Quel sentiment cela inspire au père que vous êtes ?
J’ai un peu peur pour elle. Je sais quels sont les risques dans les fonctions qui sont les siennes. Marine Le Pen est la seule qui fasse l’objet d’appels à la violence comme celui du maire de Toulouse, Pierre Cohen, qui a appelé à l’éradication du FN, y compris par la force, ou bien de la part des militants de Jean-Luc Mélenchon qui l’empêchent de faire sa campagne. Marine Le Pen est consciente des risques de sa mission.
D’ailleurs, elle en a fait la première l’expérience quand elle était petite fille lorsque mon appartement a explosé (en novembre 1976, NDLR) . Donc, Marine Le Pen sait que sa mission est dangereuse et elle l’assume.
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