Estimé à 1,5 million d’euros, le projet diffusé à partir de jeudi 28 juillet sur internet par le biais de vidéos, vise à casser le mythe de l’eldorado européen tel que l’imaginent souvent les migrants en quête d’une vie meilleure.
« La crise des migrants de l’Europe est un problème de notre siècle », a déclaré le ministre italien de l’Intérieur Angelino Alfano à des journalistes à Rome. « Cette campagne de communication est notre façon à nous de lutter contre la crise ».
Intitulée Migrant conscient, la série de vidéos vise à décourager les potentiels migrants en leur montrant les risques et périls qu’ils encourent s’ils décident de tenter la traversée de la Méditerranée pour venir en Europe, et notamment en Italie.
Les vidéos consistent en une série de récits personnels et déchirants des horreurs vécues par plus de 150 migrants lors de leur périple pour atteindre les côtes européennes. « C’est la route de l’enfer », raconte ainsi Tchamba, 36 ans, venu d’Afrique de l’Ouest, tout en regardant la caméra. « Les trafiquants se fichent que vous viviez ou que vous périssiez » poursuit-il, évoquant son propre calvaire.
Afin de toucher le plus de monde possible, les témoignages sont disponibles en anglais, français et arabe, et seront également diffusés sur les radios locales de la Corne de l’Afrique.
Dissuader du voyage, pour essayer de sauver des vies
« Migrant conscient est une bouteille à la mer que nous avons jeté dans le cyberespace » ajoute Angelino Alfano.
Visant un public jeune, entre 16 et 35 ans, car les individus de cette tranche d’âge sont les plus susceptibles d’être tentés par le périlleux voyage, le gouvernement espère que le site web dédié au projet et les réseaux sociaux permettront de diffuser largement son message.
« De toute évidence, nous sommes fiers d’accueillir tous ceux qui fuient la guerre et n’avons pas l’intention de les empêcher de venir, mais nous ne pouvons pas accueillir tout le monde » a conclu le ministre, avant de rappeler « qu’en 2014, la majorité des 170 000 arrivées de migrants vers l’Italie étaient des réfugiés en provenance de pays déchirés par la guerre comme la Syrie, l’Afghanistan et l’Érythrée, alors qu’en 2015, 60 pour cent des 150 000 arrivants n’étaient pas des cas humanitaires légitimes, mais plutôt des gens qui cherchent juste une vie meilleure ».
Depuis janvier 2016, quelque 204 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, rapporte le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Sur la même période, 2 500 sont mortes en tentant le périlleux voyage, alors que les pays européens continuent à faire face à la crise migratoire la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale.