Comme toute personne bien informée le sait, le premier tour des élections présidentielles françaises 2017 s’est démarqué par un nombre remarquable d’irrégularités diverses, de bugs et d’erreurs. Alors que notre propre rédactrice était frappée de radiation à la veille des élections au prétexte officiel d’un « problème matériel » indéterminé lié au site du gouvernement, nous avons décidé de médiatiser son expérience. C’est alors qu’une vague de messages s’est abattue dans nos boites pendant près d’une semaine. Ceux-ci laissent sans voix, mais pas sans question…
Plus de 10 000 commentaires pour 33 000 partages et 4,6 millions de lecteurs atteints, personne ne pouvait s’attendre à de telles réactions en publiant une simple lettre remise par la commune de notre rédactrice l’informant d’un vague bug informatique lié au site officiel du gouvernement servicepublic.fr. L’article résumant les premières irrégularités observées sera repartagé 43 000 fois touchant 4 246 752 personnes sur Facebook en quelques heures. Nous découvrions alors que notre collègue était loin d’être victime d’une erreur isolée.
Partout à travers la France, des masses d’électeurs semblaient avoir été dans l’incapacité « surprise » d’exercer leur droit de vote pour diverses raisons, allant du bug informatique, au retards importants dans les transferts de documents ou encore, le plus courant, pour une radiation non informée dont les conditions s’avèrent trop souvent anormales. Dans la plupart des cas, ceux-ci vont apprendre leur déconvenue le jour même des élections, avec le choc qu’on vous laisse imaginer. À contrario, d’autres, vont avoir la surprise de recevoir deux cartes électorales. Ils sont près de 500 000 personnes dans l’hexagone ! Enfin, de nombreuses « petites » irrégularités seront observées à travers le pays, dont des bulletins de Macron/Fillon déjà placés dans les enveloppes à Paris, des radiations de masse dans certaines grandes villes et enfin l’annulation des suffrages dans 12 communes pour des irrégularités diverses. De quoi largement commencer à se poser des questions.
L’histoire d’une déception de masse
Pendant une semaine, nous n’avons pas cessé de recevoir des témoignages directs de citoyens français ayant été dans l’incapacité de voter le 23 avril dernier. Si une part des cas s’avère être un simple manquement de l’électeur dans le processus (changement d’adresse mal informé), nombre d’entre eux racontent une histoire plus vaste et complexe. L’histoire de personnes radiées n’ayant pourtant jamais déménagé. L’histoire de nombreux expatriés dont la procuration n’arrivera jamais à bon port. L’histoire d’une purge entrainant des radiations massives et hasardeuses partout à travers le pays. L’histoire de bugs informatiques indéterminés qui réduisent à néant un militantisme de plusieurs mois. L’histoire de citoyens devant se démener devant les institutions pendant des heures dans l’espoir de pouvoir voter. L’histoire d’une déception d’un nombre important de français qui aujourd’hui doutent de la justesse des institutions supposées protéger leurs droits. Il nous était impossible de tourner la page. Il nous était impossible de faire taire leur voix.