Suite à un débat au sujet de l’opportunité de fournir des équipements militaires aux forces irakiennes, en première ligne contre les jihadistes de l’État islamique (EI), dont la progression dans le nord de l’Irak a poussé les minorités religieuses à l’exode, le gouvernement allemand a décidé, fin août, de livrer des armes aux Peshmergas (combattants kurdes) pour un montant de 70 millions d’euros.
À Berlin, où l’on se refuse à fournir des armes dans des pays en crise, cette décision a été justifiée par le fait que la progression de l’EI était susceptible de porter atteinte à la sécurité de l’Allemagne. Et pour cause : au moins 400 ressortissants allemands ont rejoint la mouvance jihadiste en Syrie et en Irak. « Nous devons craindre leur retour » et de possibles attaques dans les villes européennes, a affirmé, le 1er septembre, Angela Merkel, la chancelière allemande.
Pour autant, il n’est pas question, à ce stade, d’une participation armée allemande aux opérations aériennes qui seront menées dans le nord de l’Irak dans le cadre de la coalition en cours de formation pour combattre l’EI. Seules sont prévues, par Berlin, trois livraisons d’armes et de matériels aux Peshmergas, dont 30 systèmes de missiles antichars Milan, des mitrailleuses, des fusils d’assaut G-36 et 8 000 pistolets.
Seulement, recevoir des armes est une chose. Savoir s’en servir en est une autre. Aussi, à l’instar de la France, qui a envoyé des instructeurs aux côtés des combattants kurdes irakiens, l’Allemagne va en faire de même. La différence entre les deux pays est que l’un ne le dit pas officiellement…
En effet, le ministère allemand de la Défense a annoncé, le 13 septembre, l’envoi en Irak d’une quarantaine de militaires issus de la Luftlandebrigade 26 « Saarland » pour former les Peshmergas aux armes qui leur seront livrées. Dans le même temps, une trentaine de combattants kurdes se rendront en Allemagne pour y suivre une formation spécifique, dont le maniement des systèmes anti-char Milan.
La mission des parachutistes allemands, qui composeront plusieurs équipes d’instructeurs qui ne seront pas forcément envoyées au même moment, sera temporaire. Mais aucun délai n’a été communiqué. Depuis le 31 août, 6 militaires de la Bundeswehr ont déjà été fait un déplacement à Erbil (capitale du Kurdistan irakien) afin d’y « coordonner » l’action allemande.
La première livraison d’armes est prévue pour le 24 septembre prochain. Elle devrait être « rapidement » suivie par l’arrivée des instructeurs, selon un porte-parole du ministère allemand de la Défense.