Vous n’avez pas les moyens de partir cet été ? Rassurez-vous : grâce aux millions d’euros de la redevance, le service public vous a mijoté de grands moments de télévision, au premier rang desquels figure la série Inquisitio.
L’action se déroule au XIVe siècle. Résumé : Un méchant inquisiteur catholique borgne (Le Pen ?...sic !) ayant eu une enfance difficile répand la terreur et l’obscurantisme, pendant qu’un beau médecin juif répand sa tolérance et ses lumières pour sauver le monde.
Encensée avant sa diffusion, la série a réuni 4,3 millions de spectateurs le premier soir (04/07/12). Le lendemain, le « journal de référence » était particulièrement enthousiaste, parlant d’un « défi gagné sur tous les fronts » (lemonde.fr, 05/07/12).
Sans peur du grotesque, la « journaliste » nous explique l’une des raisons pour lesquelles cette œuvre de lumière a emporté son suffrage : « La mise en scène fait sens autant que l’histoire qui se joue. Une histoire où la science s’oppose à l’obscurantisme, où les juifs fournissent des responsables tout désignés du Mal, où la religion toute-puissante tient dans l’ignorance et (donc) en respect ses sujets. »
Partout sur Internet, des voix se sont pourtant élevées contre la série, pointant notamment des déformations historiques majeures (volontaires de la part de l’auteur de la série).
Ainsi par exemple, à propos du personnage de Catherine de Sienne, transformée par le scénario en une manipulatrice perverse répandant la peste pour assouvir ses pulsions, on lit sur Causeur.fr : « On s’étonne que des auteurs si enclins à défendre la tolérance et l’égalité réduisent une femme d’influence au statut de névrosée hystérique. »
Très étonnant, en effet, sauf quand on admet que les fictions du service public sont une arme de propagande impériale parmi d’autres, dont l’objectif est à terme l’inversion des valeurs, ce qui passe entre autres par la destruction de l’image de l’Église.
Entre la première et la seconde diffusion, la série a perdu un tiers de son audience (de 4,3 à 2,9 millions de spectateurs). Et lefigaro.fr de s’interroger : pourquoi ? Sa réponse en forme d’esquive : « Un manichéisme poussé à l’extrême qui a dû choquer nombre de catholiques. »
Il semble en réalité qu’Inquisitio soit au Moyen Âge ce que Un village français est à la Seconde Guerre mondiale.
Le parallèle n’est pas abusif : toute l’histoire de France tend désormais à se diffracter dans le prisme des « heures les plus sombres de l’histoire », ou Sainte-Shoah pour les intimes.
Dans cette digestion droits-de-l’hommiste de l’histoire, les dichotomies mythiques et romanesques « collaboration contre résistance », « oppression contre liberté », « dictature contre démocratie », mais aussi « catholiques-musulmans-oppresseurs contre juifs-protestants-victimes », apparaissent comme autant de catégories de la vision impériale utilisées pour empêcher les Français de comprendre leur propre histoire.
Gageons que la chute vertigineuse des audiences de la série marque davantage le ras-le-bol des Français à l’égard de l’agression idéologique dont ils sont des victimes récurrentes plutôt que leur départ massif en vacances depuis début juillet !