L’on ne peut pas dire que l’on soit abreuvé d’informations en provenance du Mali, où les forces françaises comptent encore 2 800 militaires dans le cadre de l’opération Serval.
Il faut donc se contenter du point de situation hebdomadaire livré par l’Etat-major des armées en fin de semaine. En général, les compte-rendus des opérations sont plutôt laconiques. Et les précisions rares. Sauf, il faut le reconnaître, pour ce qui concerne les saisies d’armes et de munitions
"Savoir faire mais également faire savoir"… L’on peut se demander pourquoi l’EMA ne communique pas davantage quand l’on apprend l’arrestation, ou la "neutralisation" de responsables terroristes. Ne serait-ce pour confirmer, voire infirmer le cas échéant. A moins de considérer que l’on ne prête qu’au riche ?
Ainsi, Hacène Ould Khalill, alias Jouleibib, bras droit a récemment été tué au cours d’un accrochage avec les forces françaises. Détail important : il était l’adjoint de Mokhtar Belmokhtar, le chef du groupe "les Signataires par le sang", responsable de la prise d’otage du site gazier d’In-Amenas, en Algérie. Si le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud, avait bel et parlé de cet accrochage sur les ondes d’Europe 1 (il venait alors de se produire), le bilan officiel n’a pas fait l’objet d’une communication particulière par la suite.
Autre exemple : quelques jours plus tard, Alassane Ould Mohamed, alias Chébani, membres d’al-Qaïda au Maghreb islamique, évadé en juin dernier d’une prison de Niamey (Niger), a été arrêté au Mali par les forces spéciales françaises. Dixit Marou Amadou, le ministre nigérien de la Justice. Si l’on peut comprendre une certaine réserve au sujet d’opérations en cours, ces deux "coups" ont été passés silence dans les communiqués officiels de l’EMA.
Le dernier point de situation, en date du 5 décembre, l’Etat-major des armées évoque, comme attendu, la tentative d’attentat contre le bataillon nigérien de la Minusma à Ménaka et le rôle du détachement de liaison et d’appui (DLA) de la force Serval.
Pour le reste, l’on apprend que l’activité aérienne est un plus intense que d’habitude (une cinquantaine de sorties pour les Rafale et les Mirage 2000D, contre 40, environ, habituellement) et que, depuis le début du mois, "le GTIA Korrigan poursuit ses patrouilles dans la région de Gao à la fois à l’est et à l’ouest du fleuve Niger, ainsi que dans la région de Kidal".
Est-ce une référence à l’importante opération que ménerait la force Serval nord de Tombouctou contre des éléments d’AQMI et qui a été évoquée, ce 10 décembre, par RFI ? "Les soldats français ratissent actuellement une vaste zone située au nord de Tombouctou entre les communes de Bouje-Baya et d’Arouane. Ces deux villages sont situés à 150 et 250 kilomètres au nord de la ville sainte, sur l’axe qui mène à la ville du sel, Taoudeni", affirme la radio publique.
Cette opération, lancée la semaine dernière, mobiliserait une centaine de véhicules blindés ainsi que des hélicoptères. Les colonnes françaises auraient été vues par des habitants de Tombouctou. Et, a priori, la Minusma ne serait pas impliquée.
D’après une source sécuritaire locale, il y aurait, dans ce secteur "beaucoup de mouvements jihadistes". Et si l’on en croit les informations recueillies par RFI (mais non confirmées par les forces françaises, qui n’ont fait aucun commentaire), une "katiba" d’AQMI aurait été attaquée au cours le week-end dernier. Un militaire malien a affirmé qu’"au moins 19 éléments" jihadistes ont été tués. "Il pourrait y avoir des membres importants, les identifications sont en cours", a-t-il ajouté.
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