De Gaulle a toujours eu une doctrine sociale, qu’on retrouve très tôt, dès ses discours de guerre : c’est la "participation", sorte de troisième voie entre capitalisme et communisme, où les salariés seraient associés à la direction de l’entreprise et intéressés aux bénéfices. On peut trouver ça vague, utopique, mais le fait est que De Gaulle n’a jamais fait l’apologie du capitalisme dans lequel il voyait à terme une impasse sociale.
Le problème est qu’après la guerre, il y a toujours eu des divergences entre De Gaulle et les "gaullistes", ces derniers étant pour beaucoup des politiciens de droite qui voyaient dans le général un rempart face aux socialistes et aux communistes, et qui l’ont rejoint pour cette raison. Après 1958, il faut ajouter les carriéristes qui l’ont rejoint pour être du côté du pouvoir, et pas par idéalisme. A part quelques fidèles dont le petit groupe des "gaullistes de gauche", tous ces gens voyaient dans la "participation" une lubie passagère du général, et ont tout fait pour vider de leur substance les projets de loi qui allaient dans ce sens, avec le soutien des milieux d’affaires, et celui plus discret de Pompidou.
Ajoutons que les socialistes, communistes et les syndicats n’ont jamais apporté le moindre soutien aux projets de réforme sociale de De Gaulle, y voyant de la "collaboration de classes".
De Gaulle était donc quasiment seul contre tous sur cette question. Après les troubles de 1968, il réessaya d’imposer son projet, la réforme du Sénat (qui devait devenir une sorte de chambre économique et sociale où les différents métiers seraient représentés) devant être le premier pas vers la participation. Mais on connait la suite, les français dirent "non" au référendum, et élirent l’ancien employé de Rotschild, Georges Pompidou. De Gaulle était renvoyé à son statut d’"homme du 18 juin" et il n’allait plus gêner personne avec sa réforme sociale.
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