À Georges-Marc Benamou, ancien patron du mensuel Globe et Triboulet de la Mitterrandie finissante, « Tonton » (François Mitterrand), à une question posée sur son parcours des plus sinueux durant la Seconde Guerre mondiale, répondit : « Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez ! »
Semblable réponse pourrait être faite à Philippe de Villiers qui, le mardi 13 décembre dernier, donnait un petit pince-fesses à Versailles. L’occasion pour lui de faire frémir serre-têtes, colliers de perles et jupes plissées, en affirmant : « Nous sommes en guerre ! » Soit. Mais en guerre contre qui ? Contre l’islam, pardi…
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Cet islam, fantasmé pour le meilleur par certains, ou redouté pour le pire par d’autres, n’existe pas, tout bonnement. Malgré son principe d’unicité divine, cette religion est multiple, et on épargnera au lecteur l’interminable litanie de ses innombrables tendances : dix pages n’y suffiraient pas. Pis, cette religion n’est en rien personne morale, civile, administrative et encore moins étatique. À ce titre, s’il fallait déclarer la guerre au christianisme, qui faudrait-il bombarder ? Les Irlandais ? Les Philippins ? Les Brésiliens ? Les Américains ? Les Vendéens ?
« L’ennemi » fantasmatique que Philippe de Villiers pointe du doigt n’est donc que vue de l’esprit. Il n’empêche, et c’est une évidence, qu’il existe un terrorisme islamiste, mais terrorisme dont les causes relèvent plus de revendications politiques et territoriales que du simple registre religieux. On ajoutera même, au diapason des autorités des chrétiens d’Orient, que si l’Occident cessait de semer le chaos en Orient, ces mêmes chrétiens orientaux ne s’en porteraient que mieux.