La violence ne faiblit pas en Syrie où l’armée poursuit sans relâche sa traque des bandes armées, enregistrant des pertes et en infligeant à l’adversaire. L’OSH parle de 23 tués dans tout le pays pour la journée du samedi 3 décembre, reconnaissant la mort de sept militaires et de cinq « déserteurs » dans la région d’Idleb, lors de combats s’étant déroulés dans la nuit de vendredi à samedi. A Homs, l’organisation, opaque et exilée à Londres, de Rami Abdel Rahmane, parle de cinq « civils » tués : étant donné la situation de guérilla urbaine que connaît la ville, on est tenté de traduire le mot « civil » par « opposant armé ».
Timide diversification des sources des agences de presse occidentales ?
De son côté, l’agence syrienne Sana annonce des opérations dans la région de Deraa (sud du pays) : « Les forces spéciales ont affronté des terroristes qui tentaient d’attaquer des forces de sécurité dans des zones rurales de la province » dit le communiqué qui précise qu’un des terroristes a été tué. Et Sana indique que les mêmes forces spéciales ont intercepté dans le secteur de Tel Kalakh – près de la frontière libanaise – des dizaines de personnes impliquées dans des trafics d’armes et de drogue entre le Liban et la Syrie : 14 d’entre elles auraient été arrêtées et auraient reconnu l’enlèvement et/ou le meurtre de soldats et de civils.
A Hama, l’armée a désamorcé à temps deux charges explosives, et à Lattaquié, toujours selon Sana, une bombe a en revanche explosé devant un atelier électrique, l’incendiant et entraînant la mort de deux personnes.
A noter que Reuters semble se mettre à citer les informations diffusées par l’agence officielle syrienne, « écornant » le « monopole de fait de l’OSDH.
Pour la journée du vendredi 2 novembre, le vendredi étant le jour traditionnellement dévolu aux manifestations de l’opposition, on signalerait un mort et dix blessés dans le village de Kfar Laha, au nord-ouest de Homs, et quelques blessés dans le quartier homsi de Bab Sibaa. Et des sources « médicales » parlent de deux personnes blessées par « des tirs venu de Syrie » dans la zone frontalière avec le Liban, mais Damas a démenti cette information.
Il semble en tout cas à la lecture des dépêches des agences de Reuters, de l’AP et de l’AFP – qui toutes relaient « mécaniquement » les communiqués de l’OSDH et des CLC, que ce vendredi 2 décembre n’ait pas été un « Austerlitz » pour l’opposition intérieure syrienne, en tout cas en termes de manifestations et de mobilisation.
Les « foyers d’incendie » demeurent circonscrits
Bref, les militaires syriens continuent, quotidiennement de jouer les pompiers chargés d’éteindre les foyers d’incendie allumés par les activistes et leurs soutiens logistiques et financiers de Turquie, du Liban et de Jordanie. Ceux-ci on jusqu’à présent, sauf peut-être dans deux ou trois quartiers de Homs, à déclencher un « incendie » de quelque ampleur.
Mais soldats et policiers continuent de payer un lourd tribut : samedi 3 décembre, 13 nouveaux « martyrs » ont été portés en terre à partir de l’hôpital militaire de Tichrine-Damas. Onze d’entre eux sont des sous-officiers, un est policier et un autre est un employé civil. Tous sont tombés dans des combats survenus ces derniers jours dans la banlieue de Damas. Et dimanche 4 décembre, ce sont sept autres soldats, policiers et employés civils, tombés dans la banlieue de Damas et à Homs qui ont été portés en terre depuis les hôpitaux militaires de Damas-Tichrine et Homs, et l’hôpital national de Hassaké.
Le gouvernement syrien a récemment établi un nouveau bilan de 1 100 militaires et policiers morts en service depuis mars. Le nombre de blessés doit être de trois à quatre fois supérieur.
Tout l’enjeu, pour le pouvoir de Damas, est de parvenir à « tarir » les sources de ravitaillement, en hommes comme en armes, de l’ennemi. Le récent redéploiement des forces syriennes le long de la frontière turque n’a pas d’autre but. On peut penser que les autorités et forces libanaises collaborent pleinement dans le même sens avec leurs homologues – et alliés – syriens. Et la Jordanie s’est engagée à réprimer, elle aussi, les trafics émanant de son territoire.
Guerre psychologique asymétrique
Mais la guerre est aussi psychologique : la télévision syrienne continue de produire des aveux de terroristes capturés. Samedi soir 3 décembre, les téléspectateurs syriens ont pu voir et entendre un activiste d’un genre particulier : Ala’e Messaoud, un jeune homme de 24 ans originaire de la banlieue de Damas, a reconnu avoir alimenté al-Jazeera en fausses informations, se faisant passer pour témoin oculaire d’exactions militaires « commises » dans le village – périphérique de Damas – de Kanaker, et alimentant la chaîne satellitaire, qatari et désinformatrice en vidéos via un intermédiaire séoudien. Messaoud a parlé aussi d’une liaison en direct avec une présentatrice du journal d’al-Jazeera à qui il aurait décrit en détails la répression de l’armée sur Kanaker, alors que lui se trouvait au même moment à Damas.
Malgré les réserves qu’on peut naturellement exprimer sur ce genre d’aveux, il est indiscutable qu’al Jazeera, al Arabiya et tous les grands médias occidentaux ont fait un abondant usage de ces vidéos de portable et de ces témoignages oraux d’opposants pour alimenter leur couverture de l’actualité syrienne. Dans un sens invariablement dramatique et défavorable au régime syrien. Celui-ci se défend donc, avec beaucoup moins de moyens, mais pas moins de crédibilité que les cyber-propagandistes anti-Bachar.