Nul ne pleurera la démission acquise ou imminente de Georges Papandréou, le « socialiste » le plus haï des Grecs, ni celle de Silvio Berlusconi, le fascisant milliardaire à scandales que l’oligarchie italienne avait installé à sa tête toute honte bue. Quant au peuple français, il n’a pas les moyens de pavoiser, lui qui a porté à sa tête en 2007 un « président de la République » qui, pour complaire à ses maîtres de la finance, n’a cessé de ridiculiser la France et de violer les principes républicains et constitutionnels…
Mais la méthode utilisée pour chasser les marionnettes « nationales » en place et en mettre d’autres moins usées est significative de la dictature oligarchique de plus en plus cynique qu’est ouvertement l’Union européenne du traité de Lisbonne.
Il aura suffi qu’Angela Merkel, suivie par son vassal Sarkozy, convoque Papandréou à Cannes, qu’elle humilie publiquement le peuple grec en la personne de son premier ministre, pour que le lamentable président de l’Internationale socialiste qu’est Papandréou (ce que les médias acquis au PS comme France-Inter ne signalent jamais à leurs auditeurs) se couche immédiatement en renonçant à son référendum, pour qu’il démissionne et pour qu’il mette prestement en place un « gouvernement d’union nationale » avec la Nouvelle démocratie (droite) et peut-être même avec l’extrême droite du LAOS : but unique, « sauver l’euro » en étranglant les Grecs et mettre un terme à l’insurrection populaire en marche en tentant d’isoler le PC grec et le PAME, forces principales de la résistance.
La question n’est pas pour nous, communistes, patriotes et progressistes français, de savoir si le référendum était ou pas, comme l’a dénoncé le P.C. de Grèce, une manœuvre de Papandréou : aux patriotes grecs de juger des meilleurs moyens de sortir leur pays de l’engrenage d’humiliation et de destruction dans lequel la nation qui inventa la démocratie est aujourd’hui placée.
Pour tous les internationalistes, l’heure est à condamner avec indignation le fait que la simple idée de consulter le peuple grec sur l’euro et sur le plan d’ « aide » (sic) à la Grèce a été immédiatement criminalisée par l’UE, par son premier consul Merkel et par son bruyant second Sarkozy, fasciné par le « modèle allemand » et… soucieux de sauver ses amis banquiers français créanciers de l’Etat grec en faillite ! Déjà Sarkozy s’était assis, au nom des intérêts supérieurs de l’Europe, sur le Non du peuple français à la constitution européenne en faisant avaler par un parlement-carpette une version allégée de ladite constitution sous le nom de Traité de Lisbonne…
Quant aux députés italiens, ils ont été prestement priés de débarquer Berlusconi, dont les frasques judiciaires et sexuelles, facteur d’instabilité politique, déplaisent aux « marchés ». Sans cela, fini pour le « triple A » italien ! Que le Cavaliere tombe dans de telles conditions, humiliantes pour le peuple italien, n’est donc pas une bonne nouvelle : car celui qui lui succèdera, et qui devra recevoir d’abord l’adoubement des « marchés » et de Merkel, n’aura d’autre mission que de serrer la vis aux travailleurs transalpins : en réalité, l’Italie et la Grèce, comme demain l’Espagne et le Portugal, sont désormais placées ouvertement sous la TUTELLE directe de l’UE, et à travers elles, des marchés et de la Grande Allemagne gonflée par l’annexion de la RDA (la soi-disant « réunification ») et par la satellisation rapide des ex-pays socialistes de l’est.
La situation de la France est à peine meilleure, et pour combien de temps ? Déjà Sarkozy et les députés de l’UMPS n’ont pas honte d’accepter que le budget de la France soit soumis, EN AMONT DU PARLEMENT FRANÇAIS ELU, à la « troïka » par banque de Francfort interposée ! Et chacun sait qu’un troisième plan d’austérité est prévu, toujours pour « sauver l’euro », après les présidentielles, que l’heureux élu se nomme Sarkozy de Bocsa ou François Hollande.
Avec les diktats imposés coup sur coup à Athènes et à Rome (soit dit en passant, les deux capitales qui ont fondé la civilisation d’Europe !), l’UE franchit une bond qualitatif vers la fascisation rampante. C’est la conséquence de la nature ultra-réactionnaire de cette construction supranationale, de la crise systémique du capitalisme et de la faillite en vue du damné euro, maillon faible mondial de la chaîne impérialiste à l’heure actuelle (sans s’en douter, les journalistes les plus ignares finissent par utiliser les mots de… Lénine !). Jusqu’ici la dictature européenne faisait au moins semblant de tenir compte des gouvernements nationaux des pays « périphériques », entendons pas là tous ceux qui ne font pas partie du « noyau dur » (RFA, Autriche et antennes du nord de l’Europe) et du « premier cercle » incluant (pour l’instant) la France capitaliste en déclin. Désormais l’Europe allemande s’affiche avec fracas ; et les « PIGS » (Portugal, Italie, Grèce, Espagne, en anglais comme il se doit) sont directement sous tutelle. Un ministre allemand vient même de proposer que, pour les humilier mondialement, les drapeaux nationaux de ces pays soient abaissés devant le siège du « parlement » européen… A quand l’hymne européen dérobé à Beethoven remplacé carrément par le Deutschland über alles !
Désormais, les peuples des pays périphériques (Sud de l’Europe et est-européen) doivent savoir qu’en cas de « malgouvernance », il seront immédiatement ciblés par une attaque spéculative massive, que les gentilles « agences de notation » leur ôteront leur triple A et qu’ils devront illico changer de gouvernement. On parierait volontiers que la construction de l’ « armée européenne » va faire un bond en avant dans les prochains mois, histoire d’avoir de quoi mater les peuples insurgés quand l’occasion se présentera.
Difficile dans ces conditions de continuer, comme le font les dirigeants du PCF-PGE, du PG et de l’ « extrême » gauche établie, de continuer à cibler uniquement leur gouvernement « national » (ou plutôt : antinational), de ménager totalement la sacro-sainte « construction européenne » chère à ces « internationalistes », de continuer à raconter cette extraordinaire BILLEVESEE : qu’on peut « démocratiser » l’Union européenne et faire de cet Empire financier dominé par un impérialisme allemand plus arrogant que jamais une « Europe sociale ». Et pourquoi pas, pendant qu’on y est, faire de l’euro et de la Banque européenne de Francfort, comme l’affirment sans rire Pierre Laurent, patron du PCF-PGE (il préside ces antennes, locale et continentale de l’euro- « communisme ») ou Mélenchon, des outils « au service de l’emploi et des services publics ».
Si les peuples d’Europe ne sortent pas de cette DIKATURE continentale, ils y passeront tous, les uns après les autres et régresseront vers un nouvel esclavage.
Il ne suffit donc pas de battre Sarkozy et sa politique, si nécessaire que ce soit : il faut se méfier radicalement du Papandréou français, Hollande (capitale Maastricht !), et clairement fixer l’objectif révolutionnaire : sortir de l’euro et de l’UE (les deux choses sont inséparables), restaurer l’indépendance des pays d’Europe, reconstituer leurs capacités productives essentielles (les délocalisations et les importations sont une source permanente de la fameuse « dette » artificiellement créée), réduire les inégalités, engager non dans les mots mais dans les faits, la marche vers le socialisme qui est la seule issue de fond pour les peuples d’Europe, notamment pour la classe ouvrière et les couches moyennes.
Travailleurs de France, prolétaires de tous les pays, peuples opprimés d’Europe, unissons-nous non pas « pour sauver l’euro », mais pour briser les barreaux de cette prison de mort qu’est l’UE et constituer dans l’action une nouvelle coopération progressiste des nations libres du monde.