Une trêve fragile entre Israël et le Hamas a été ternie lundi par des violences sporadiques meurtrières à Gaza, au premier jour de la fête musulmane du Fitr malgré les appels de l’ONU et des Etats-Unis à un cessez-le-feu durable.
Deux Palestiniens, dont un enfant de 4 ans, ont encore été tués à la mi-journée par des tirs de chars israéliens dans le nord de la bande de Gaza, portant le bilan à près de 1 040 morts Palestiniens en trois semaines de conflit, selon les secours locaux.
Après une nuit d’accalmie, des combattants de Gaza ont tiré en début de matinée une roquette sur la ville israélienne d’Ashkelon.
L’armée a riposté en visant deux lance-roquettes et un atelier de fabrication d’armes dans le centre du territoire palestinien, selon un communiqué. Deux Palestiniens ont été blessés.
Des tirs sporadiques ont également été signalés ailleurs dans l’enclave.
"L’occupant (israélien) refuse toujours tout cessez-le-feu humanitaire pour l’Aïd (el-Fitr). Il s’agit d’une rebuffade aux croyances des musulmans et à leur culte. L’occupant sera responsable de cette escalade", a accusé le porte-parole du Hamas à Gaza, Sami Abou Zouhri.
Cette trêve non déclarée, entamée à la fin du ramadan dimanche soir, est intervenue après une journée marquée par des annonces et des violations de cessez-le-feu de part et d’autre.
"Dans cette immense prison"
Face au lourd tribut payé par les civils palestiniens dans ce conflit qui a dévasté la bande de Gaza, où 1,8 million d’habitants souvent très jeunes s’entassent dans la misère, la communauté internationale a accentué la pression pour que cesse le bain de sang.
Le président américain Barack Obama est personnellement monté au créneau pour réclamer un arrêt de la guerre déclenchée par l’offensive militaire israélienne destinée à anéantir les capacités militaires du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza.
Sans ambiguïté, M. Obama a évoqué dans une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "l’impératif stratégique de mettre en place un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions qui mette fin dès à présent aux affrontements et conduise à un arrêt permanent des hostilités".
A New York, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, ont eux aussi exprimé dans une déclaration unanime leur "fort soutien à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et sans conditions, permettant de fournir une aide indispensable et urgente".
Le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour a regretté que le Conseil n’ait pas adopté une résolution plutôt que cette simple déclaration, et qu’il n’ait pas appelé à la levée du blocus imposé depuis 2006 à Gaza.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui s’est entretenu dimanche à Jeddah avec le roi saoudien Abdallah, devait se rendre "très bientôt" au Caire à la tête d’une délégation de son mouvement le Fatah, du Hamas et du Jihad islamique, pour discuter d’un cessez-le-feu, a annoncé à l’AFP un haut responsable palestinien à Ramallah (Cisjordanie).
En trois semaines, les raids aériens et les tirs d’artillerie israéliens ont fait 1 037 morts - pour les trois-quarts des civils selon l’ONU - et quelque 6 000 blessés dans la bande de Gaza, où les destructions sont considérables et où plus de 170 000 personnes ont dû trouver refuge dans les bâtiments de l’ONU.
"Désarmement de Gaza"
De son côté l’armée israélienne, qui a ajouté le 17 juillet des opérations terrestres à sa campagne aérienne, a perdu 43 soldats, tandis que trois civils ont été tués par des roquettes en Israël.
L’ambassadeur israélien à l’ONU, Ron Prosor, a déploré que la déclaration du Conseil de sécurité "ne mentionne ni le Hamas ni ses roquettes, ni le droit d’Israël de se défendre" et a accusé une nouvelle fois le mouvement islamiste de s’abriter derrière la population de Gaza.
Israël, tout comme les États-Unis et l’Union européenne, considère le Hamas comme une "organisation terroriste", et ce dernier ne reconnaît pas l’existence de l’État d’Israël et prône la lutte armée contre "l’usurpateur sioniste".
Les désaccords restent ainsi très profonds sur les termes d’une trêve durable.
Israël, qui a affirmé avoir tué 320 combattants du Hamas depuis le 8 juillet, entend mener à son terme la neutralisation des "tunnels offensifs", des souterrains creusés par le Hamas à Gaza pour dissimuler des armes et lancer des attaques en territoire israélien.
De son côté, le Hamas réclame un retrait israélien de Gaza et une levée du blocus de l’enclave.
Dans son entretien avec M. Netanyahu, M. Obama a estimé que "toute solution de long terme au conflit israélo-palestinien" passerait par "le désarmement des groupes terroristes et la démilitarisation de Gaza".
La guerre de Gaza continue d’avoir des répercussions en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où les heurts sont quotidiens.
Lundi sur l’esplanade des Mosquées dans la Vieille ville de Jérusalem, quelque 45 000 musulmans ont prié pour les morts de Gaza.