Vendredi 24 octobre au soir, sur Europe 1, l’ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand réagissait à la polémique entourant Éric Zemmour suite à la parution de son livre Le Suicide français. Il entreprit au passage de faire le lien entre Éric Zemmour et Alain Soral, qu’il qualifia pour l’occasion d’« antisémite forcené » :
Frédéric Mitterrand, de nationalité franco-tunisienne [1], est né en 1947 à Paris. Il est le neveu de François Mitterrand.
En 1997, il participe à l’élaboration du film Mon copain Rachid, dont l’histoire oscille entre pédophilie, prostitution, voyeurisme et clichés racistes. Le court-métrage propose en introduction une lettre d’Albert Camus lue par Frédéric Mitterrand. À la suite du scandale provoqué par le film, Mitterrand affirmera avoir participé sans avoir vu le film, ce dont le réalisateur Philippe Barassat doutera fortement [2].
Ministre de la Culture de juin 2009 à mai 2012 (gouvernements Fillon I et II), il doit notamment gérer l’affaire Roman Polanski. Le réalisateur, sous le coup d’un mandat d’arrêt international en raison d’accusations de viol sur mineure remontant à 1977, est arrêté à Zurich le 27 septembre 2009. Le 2 octobre, Frédéric Mitterrand publie, avec Bernard Kouchner, une lettre de soutien à Polanski, qualifiant son arrestation d’« absolument épouvantable » eu égard à « une affaire ancienne qui n’a pas vraiment de sens ».
Dans la foulée, le 5 octobre, Marine Le Pen lit sur le plateau de l’émission Mots croisés un extrait du livre La Mauvaise vie, publié par Frédéric Mitterrand en 2005, dans lequel il raconte son désir pour les très jeunes garçons thaïlandais.
Extrait de La Mauvaise vie (Robert Laffont, 2005) :
« Evidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici et vu quantité de films et de reportages ; malgré ma méfiance à l’égard de la duplicité des médias je sais ce qu’il y a de vrai dans leurs enquêtes à sensation ; l’inconscience ou l’âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé où crapahutent la pègre et les ripoux, les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages et les enchaîne, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Je m’arrange avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout ; je n’arrête pas d’y penser mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres et on pourrait juger qu’un tel spectacle, abominable d’un point de vue moral, est aussi d’une vulgarité repoussante. Mais il me plaît au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de refréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système ; celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas. Je peux évaluer, imaginer, me raconter des histoires en fonction de chaque garçon ; ils sont là pour ça et moi aussi. Je peux enfin choisir. J’ai ce que je n’ai jamais eu, j’ai le choix ; la seule chose que l’on attend de moi, sans me brusquer, sans m’imposer quoi que ce soit, c’est de choisir. Je n’ai pas d’autre compte à régler que d’aligner mes bahts, et je suis libre, absolument libre de jouer avec mon désir et de choisir. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l’autre. »