Porté au pouvoir par la coalition rebelle de la Séléka, Michel Djotodia fut investi président de la Républicaine centrafricaine en août dernier, en présence de deux chefs d’État africains, à savoir le Tchadien Idriss Déby et le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’un en qualité de président de la Communauté économique de États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’autre en tant que médiateur de la crise en Centrafrique.
Au cours de cette cérémonie d’investiture, Michel Djotodia avait juré, « devant Dieu et devant la nation, d’observer scrupuleusement la Charte constitutionnelle de transition, de garantir l’indépendance et la pérennité de la République ». Et d’ajouter : « Je vous affirme qu’il n’y aura plus de place pour l’impunité, car l’on ne saurait construire un État de droit sans la justice. A cet effet, tous les auteurs – et ceci sans exception – des crimes et délits seront systématiquement traduits en justice et sévèrement sanctionnés. »
La prestation de serment de Michel Djotodia marquait le début d’une phase transitoire de 18 mois devant se conclure par l’organisation de nouvelles élections auxquelles il ne pourrait pas participer. « Je vais diriger la transition et à son issue, je m’en irai, applaudi », avait-il indiqué, en août.
Seulement, avec la multiplication des violences, alimentant un cycle de représailles entre les ex-rebelles de la Séléka, désormais intégrés aux forces centrafricaines, et les milices d’auto-protection « anti-Balaka » et un État en déliquescence, la situation de Michel Djotodia est plus qu’inconfortable. Qui plus est, il donne le sentiment de ne rien contrôler.
Pour le président Hollande, les choses sont claires : il doit partir. « Je ne veux pas individualiser la responsabilité (ne la crise centrafricaine, ndlr) mais on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien pu faire, voire même a laissé faire », a-t-il affirmé lors d’un entretien accordé le 7 décembre à France 24.
« Nous en avons parlé avec les Africains qui se mobilisent, avec le Premier ministre (Nicolas Tiangaye, Ndlr) qui est issu d’une coalition de forces qui n’existent plus sur le terrain, l’idée a été, et je la soutiens, d’aller le plus vite possible vers des élections, avant 2015 », a encore ajouté le locataire de l’Élysée.
Quant à l’opération Sangaris, qu’il a lancée le 5 décembre, le président Hollande a assuré que ses effectifs ne dépasseraient pas les 1 600 hommes. « Il n’y en aura pas davantage, cela suffira », a-t-il avancé, en précisant que des militaires français allaient être déployés « dès ce soir » à Bossangoa, ville qui, située à 250 km de Bangui, connaît des tensions interconfessionnelles.
Par ailleurs, le chef de l’État a estimé que Sangaris pourrait « aller assez vite », c’est à dire environ « 6 mois ». Et, a-t-il ajouté, elle « ne devrait rien coûter » à la France puisque « l’Europe va assurer pour 50 millions d’euros le financement de cette opération ». Sauf que, si le président de la Commission européenne, José-Manuel Barroso, a bien évoqué une somme de ce montant, il a toutefois précisé qu’elle servirait à financer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), la force panafricaine déployée sous l’égide de l’Union africaine (UA). À moins que d’autres fonds aient été prévus…
Revoir les analyses de Patrick Mbeko sur la réalité actuelle de la Françafrique (propos recueillis par ERTV en octobre 2013) :