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Fracture au RN : Aliot assène un coup de Klarsfeld à Bardella

Il y a eu le Front national, puis le Rassemblement national, voici désormais le RNAK, le RN aliotiste klarsfeldien, puisque l’ex-numéro 2 du FN a reçu l’appui des forces klarsfeldiennes dans sa conquête de la présidence du parti de droite. Le Monde résume l’offensive :

Depuis le début de leur campagne interne pour la présidence du Rassemblement national (RN), Louis Aliot et Jordan Bardella affirmaient qu’il n’y avait pas une feuille de papier à cigarette entre leurs idées respectives. Voilà soudain un épais cigare cubain entre le président par intérim du RN et le maire de Perpignan, qui enjoint au parti d’extrême droite « d’ouvrir le chemin d’un “Bad Godesberg” à la française ».

Estimant pousser jusqu’au bout la logique de « dédiabolisation » qu’il a menée aux côtés de Marine Le Pen, Louis Aliot se réfère au congrès du Parti social-démocrate allemand qui, à Bad Godesberg, en 1959, a choisi de s’inscrire dans l’économie de marché et de rompre avec la lutte des classes pour parler au peuple tout entier.

C’est dans L’Opinion, décidément bien placé sur tous les fronts, que Louis Aliot a forgé sa doctrine.

On l’a compris, il pousse la dédiabolisation jusqu’au bout, et diabolise ainsi le jeune Bardella qui, malgré son alignement récent sur l’ukrainisme (et donc l’européisme, l’otanisme et toutes ces horreurs), incarne encore l’avenir radical du RN. Aliot, lui, fait table rase du passé, on allait dire en bon gauchiste. Mais c’est presque ça. On dirait qu’une mouche antinationale l’a piqué. Seraient-ce les Klarsfeld ? Aliot a souvent cité son grand-père, de confession juive, pour se démarquer de Le Pen (père) et ses sorties kamikazes sur le sujet.

 

 

Dans sa tribune libre de L’Opinion, feuille quotidienne néolibéral européiste s’il en est, une sorte de jeune Wall Street Journal tricolore (les meilleures pages du WSJ y sont traduites à la fin, suite à un deal à 2 millions), Aliot développe son positionnement, loin de Zemmour et Mégret.

Les Français n’attendent pas une nostalgie radicale telle qu’elle a pu être ressentie avec l’aventure personnelle de Zemmour, lourdement sanctionnée électoralement. Ils ont rejeté les excès pratiqués par le Front national d’un autre temps où la dénonciation et le bruit étaient les seuls outils politiques susceptibles de capter l’attention.

Avec Marine, j’ai personnellement participé au processus de « dédiabolisation ». Nous sommes sortis des candidatures protestataires pour devenir une force crédible de gouvernement. Nous avions déjà connu la radicalité des partisans de Mégret en 1999-2002 qualifié par Le Pen lui-même de « minorité extrémiste, activiste et raciste ». Une fois encore, les dernières élections ont montré que le choix de la radicalité était en réalité celui de ceux qui sont soit là pour faire de la figuration, soit là pour permettre au système de se maintenir.

Le maire de Perpignan rompt carrément avec le FN, ce qui n’étonnera personne, et avec le roman national du parti national. Dans ce cas, que reste-t-il au RN de radical, de populiste, s’il s’aligne sur tous les grands sujets tout en faisant croire au peuple électeur qu’il est d’opposition ? Est-ce de la trahison ou une mise à jour inévitable ? Parfois, on dirait qu’Aliot ressert la réconciliation nationale d’Alain Soral, mais sans la radicalité des choix :

« À nous maintenant de couper le cordon d’une histoire tumultueuse et ambiguë qui permettra une fois pour toute à notre mouvement d’arriver à sa pleine maturité en parlant aux Français de toutes origines et de toutes religions »

Une petite phrase résume tout :

Ce n’est pas avec la radicalité que nous avons eu des succès aux municipales, présidentielles et législatives, mais en proposant des solutions concrètes.

Banalisation ou bananisation ?

Cela veut dire, en creux, que le RNAK devient un parti de droite comme les autres, déradicalisé, dénervé, un parti de gouvernement. Ce sont les classes populaires qui votent RN qui vont se sentir un peu cocues. Avoir une présidente RN en 2027, à quoi bon, si c’est Sarko 2 ? Le Monde, dans son analyse de texte, ne s’y est pas trompé : on aurait pu nous aussi écrire ce qui suit.

Autre phrase notable : Louis Aliot parle de « stopper l’immigration illégale » – et non l’immigration tout court.

On finira sur cette évolution majeure en citant un pavé du Monde.

Joignant le geste à la parole, Louis Aliot a décoré, jeudi 13 octobre, Serge et Beate Klarsfeld de la médaille de la ville de Perpignan. L’apparition du couple, incarnation de la traque d’anciens nazis et collaborateurs, aux côtés d’une figure du RN, est de son point de vue une « évolution majeure », la pose d’une brique supplémentaire dans la normalisation du parti, « grâce à Marine ». Il y a un an, dans une tribune au Monde publiée dans le contexte de la montée du phénomène Éric Zemmour, Serge Klarsfeld et son fils Arno appelaient « les juifs [à] se tenir à l’écart de l’extrême droite », famille politique dans laquelle ils situaient Éric Zemmour et Marine Le Pen.

Aliot a sorti le tank Klarsfeld flace au petit Bardella, qui n’a que des pierres. Ça nous rappelle quelque chose...

Aliot/Bardella, un faux duel ?

Louis Aliot : « Je ne fais pas la guerre à Jordan Bardella » (7 septembre 2022)

Comme prévu, sur E&R :

 






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