Alors que trois élus du Congrès américain appellent la France à rompre un contrat de vente avec la Russie de deux navires de guerre de type Mistral pour les vendre (ou les louer) plutôt à l’OTAN, les autorités russes ont fait savoir que cette décision serait sans incidence sur le potentiel de combat de leurs forces armées.
En effet, Viktor Ozerov, président de la commission de défense et de sécurité au Conseil de la Fédération (sénat russe) a estimé que la non-exécution possible du contrat « ne porterait aucun préjudice » à la Russie, précisant que les anciens dirigeants du ministère de la Défense avaient accepté d’acheter ces bâtiments « après s’être laissés persuader par la partie française ». Viktor Ozerov a enfoncé le clou en expliquant :
« Quant aux fonds restitués en cas de non-livraison des Mistral, surtout compte tenu des pénalités se chiffrant à plusieurs milliards de dollars, nous pourrions les utiliser dans le cadre de notre programme national de défense, et ce même avec une plus grande efficacité. »
L’affaire avait commencé le 9 mai dernier, quand un groupe d’élus du Congrès demandaient, dans une lettre adressée au président Obama, qu’il s’oppose à la vente de Mistral français à la Russie. Quelques semaines plus tard, le 30 mai, c’est cette fois au secrétaire général de l’OTAN que Michael Turner, William R. Keating et Eliot Engel (le démocrate le plus influent de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants) exprimaient leurs craintes concernant l’achat par Moscou de deux navires de guerre à la Russie :
« Il est crucial que les pays de l’OTAN ne mettent plus à la disposition de la Russie des armes puissantes qui lui permettraient d’accroître son pouvoir d’intimidation, voire d’invasion, de ses voisins. »
Les congressistes ajoutaient qu’un accord de l’OTAN pour acheter ou louer les deux navires Mistral « enverrait un message fort au président Poutine : les alliés de l’OTAN ne toléreront pas ou ne permettront en aucune manière ses manœuvres téméraires ».
À la remorque de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, la France a dit pour le moment laisser la porte ouverte à un réexamen de ce contrat d’1,6 milliard de dollars, d’ici au mois d’octobre, au moment où le premier des deux navires doit être livré à la flotte russe. De leurs côtés les experts de l’Alliance ont expliqué qu’ils n’avaient pas besoin des navires français, notamment parce que les ressources financière manquent pour leur exploitation.
Le 29 mai dernier, Rosoboronexport, le groupe public d’armement russe, a de son côté annoncé qu’un navire militaire russe transportant les futurs équipages des deux bâtiments commandés à la France quitterait Kronstadt le 18 juin, destination Saint-Nazaire.