Un homme de 28 ans été condamné mercredi à 3.000 euros d’amende, dont 1 500 avec sursis, par le tribunal correctionnel de Bordeaux, qui le jugeait pour des photos sur son compte Facebook, où il faisait le geste polémique de la « quenelle », dont une devant la synagogue de Bordeaux.
Jugé pour « provocation publique à la discrimination et à la haine raciale », l’homme a aussi été condamné à verser 1.= 500 euros de dommages et intérêts à la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) partie civile au procès. Il s’agissait du premier procès, selon elle, portant sur une « quenelle », geste popularisé par l’humoriste Dieudonné, considéré par ses détracteurs comme un salut nazi inversé.
La Licra avait joint sa plainte à celle de l’Association cultuelle israélite de Gironde, qui avait déclenché l’ouverture d’une enquête du parquet. Le prévenu, né au Maroc et travaillant dans le bâtiment, avait été interpellé le 17 janvier, identifié par la police via son compte Facebook, sur lequel il avait posté les photos incriminées.
Plusieurs photos avaient été diffusées sur le réseau social entre le 28 décembre 2013 et le 7 janvier 2014. Sur l’une, le prévenu était vu, avec une autre personne, effectuant une « quenelle » devant la synagogue. Une autre le montrait effectuant une « double quenelle » devant un portrait d’Adolf Hitler avec la légende : « J’ai été con de me suicider, aujourd’hui je serais prix Nobel de la Paix ».
Il a été condamné à supprimer cette dernière photo, la seule qualifiée pénalement car restée accessible au public.
A la barre, le prévenu, sans casier judiciaire, s’est défendu de tout antisémitisme.« Je n’ai rien contre les Juifs. Sur mon Facebook, je fais attention à ne pas faire l’amalgame entre antisioniste et antisémiste », a-t-il affirmé. « Ce n’était pas mon but de blesser le peuple juif ». Concernant la photo devant le portrait d’Hitler, il a évoqué une « photo ironique (...) pas un geste antisémite ».
« En droit, le geste de la quenelle n’est pas incriminé en tant que tel. C’est parce qu’il s’intègre dans un contexte qu’il peut être considéré (...) comme provocation à la haine raciale », a rappelé la procureure Marie-Madeleine Alliot, qui a dénoncé des « faits contraires à notre système républicain ».
Elle avait requis 3 000 euros d’amende.
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