Difficile de connaître le pays d’origine du jambon de votre sandwich triangle : moins d’un produit sur deux à base de viande le mentionne sur son étiquette.
Sandwiches au jambon, sauces bolognaises, saucisses, poulets cuits... Trois ans après le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes censément au bœuf, l’UFC-Que Choisir a analysé les étiquettes de 244 produits à base de bœuf, de poulet et de porc. Pour se rendre compte, comme le montrent les résultats de l’étude publiée ce lundi 8 février, que moins de la moitié d’entre elles mentionnent l’origine de la viande, faute d’obligation légale :
74% des produits contenant du poulet ne mentionnent aucune origine ;
Même chose pour 57% des produits au porc ;
Et 30% des produits au bœuf.
Si l’on s’intéresse par exemple aux produits au poulet, il apparaît que ce sont les sandwiches qui sont les plus mal étiquetés : le pays d’origine de la viande est précisé sur 8% des étiquettes seulement. Viennent ensuite les jambons de poulet (12%) et les saucisses de poulet (13%). En revanche, l’origine des découpes de poulet cuit est mentionnée dans 83% des cas.
Pour son étude, l’association a analysé les produits de marques de distributeurs et d’enseignes nationales. Parmi ces dernières, le Gaulois, Charal, Marie, Findus ou Zappeti sont transparentes : 100% de leurs produits à base de viande en mentionnent l’origine sur l’étiquette. À l’inverse, Père Dodu, Daunat ou Sodebo précisent l’origine de la viande sur... aucun des produits analysés pour l’étude. La marque Fleury-Michon, dont 33% des étiquettes observées précisent l’origine de la viande, a annoncé ce lundi soir que l’origine de tous les produits serait désormais indiquée.
Chez les distributeurs, Intermarché et Carrefour sont les plus transparents, comme le montre ce graphique de l’UFC-Que Choisir :
La Commission européenne bloque
Si les étiquettes sont si peu bavardes sur l’origine des produits, c’est qu’il n’existe aucune obligation légale pour les professionnels. La réglementation les contraint à être transparents sur le pays d’origine des viandes fraîches mais pas des produits transformés comme les viandes cuites, les charcuteries ou les sandwiches qui en contiennent.
La France avait bien introduit, dans la loi sur la consommation de 2014, une disposition sur l’étiquetage des viandes. Mais cette obligation n’en était pas vraiment une, puisqu’elle restait conditionnée à un feu vert européen.
En janvier 2014 et en février 2015, le Parlement européen a adopté deux résolutions pour demander à la Commission européenne d’imposer l’étiquetage de l’origine, mais celle-ci juge que le coût serait trop élevé pour l’industrie.
Une demande des consommateurs
Les consommateurs sont pourtant en attente. En 2013, une étude du Beuc (organisation de consommateurs à l’échelle européenne) – réalisée sur plus de 4 000 personnes en France, Autriche, Pologne et Suède – montrait que 70% d’entre eux souhaitaient connaître l’origine des ingrédients contenus dans les produits à base de viande qu’ils achètent.