Sans fournir la moindre justification, le gouvernement australien a utilisé un incident isolé impliquant une personne profondément troublée dans le quartier central des affaires de Sydney pour activer l’ensemble de son dispositif « antiterroriste » et imposer un état de siège au cœur de la plus grande ville du pays – le tout s’étant terminé par des conséquences tragiques.
Ce qui aurait normalement dû être traité comme une affaire certes grave, mais relativement simple de police – une prise d’otages par un tireur armé dans un café urbain – a dégénéré en une crise nationale majeure suite à l’intervention du premier ministre Tony Abbott, avec le plein appui de l’opposition du Parti travailliste et des Verts, des gouvernements d’États et de l’ensemble des médias.
Abbott a prononcé non pas une, mais deux adresses à la nation, promettant au gouvernement et à la police de l’État de Nouvelle-Galles-du-Sud le plein appui de toutes les ressources fédérales – policières, militaires et du renseignement. Des centaines de policiers, dont l’unité de police paramilitaire lourdement armée de l’équipe d’assaut tactique, ont envahi le centre de Sydney. Des bâtiments se trouvant à des kilomètres de la scène de la prise d’otages ont été placés sous séquestre, les moyens de transport déroutés et les patrouilles de police renforcées jusque dans les banlieues de Sydney, de même qu’à Canberra – la capitale nationale – et dans d’autres villes australiennes. [...]
En avril de l’an dernier, toute une ville américaine, Boston, a été pratiquement placée sous la loi martiale après l’explosion de deux bombes près de la ligne d’arrivée du marathon de Boston. La population de la ville a été séquestrée à l’intérieur pendant que des policiers lourdement armés et des troupes de la Garde nationale, appuyés par des véhicules blindés et des hélicoptères de combat, ont occupé les rues et effectué des recherches sans mandat maison par maison.
En octobre dernier, le gouvernement canadien a répondu à l’assassinat d’un soldat près de l’édifice du Parlement à Ottawa en bouclant une grande partie du centre-ville, fermant les rues et séquestrant des milliers de fonctionnaires, consommateurs et touristes. Encore une fois, les gestes d’un individu isolé et perturbé ont été exploités pour créer un climat de peur et pousser vers la droite les politiques intérieure et étrangère, y compris la participation du Canada à la guerre des États-Unis au Moyen-Orient.
Le gouvernement Abbott utilise le même synopsis.