Les Grecs se demandent quelle planche de salut ils peuvent trouver pour leur crise. Et inévitablement, ils vont s’intéresser à l’expérience qu’a vécue l’Argentine, une décennie plus tôt, estime le Wall Street Journal.
A la fin de l’année 2001, l’économie de l’Argentine s’était contractée de 8,4%. Les tensions qui aboutirent à la faillite du pays furent telles que l’année suivante, l’économie plongea de 11 autres pour cent. Mais la nécessaire dévaluation de la monnaie nationale contre le dollar qui s’ensuivit portait en elle les germes d’un retour possible à la croissance.
Depuis son plus bas niveau de 2002, le pays connait une croissance annuelle moyenne de 7,4%, selon les données du FMI. Et dans les trois ans qui avaient suivi sa faillite, le niveau de production du pays était revenu à ce qui’il avait été avant son effondrement.
La Grèce peut-elle se comparer à ce modèle ? Les chiffres du FMI prévoient qu’à la fin de cette année, l’économie grecque se sera contractée au total de 9,3% par rapport à son dernier plus haut niveau de 2008.
Les experts estiment que l’année prochaine, la Grèce pourrait être en croissance, mais pour le Wall Street Journal, cette hypothèse semble bien improbable. Et même si cela était vrai, elle ne le ferait qu’au taux de 2% par an. A ce train-là, elle ne serait de retour à son niveau de 2008 qu’à la fin de l’année 2016…
C’est pourquoi les Grecs pourraient considérer que la sortie de la zone euro, la faillite du pays et la dévaluation, pourrait être leur solution. Et c’est peut-être, après tout, ce que le marché a déjà anticipé.
Un économiste de l’Université de Berkeley en Californie, Barry Eichengreen, avait estimé que la sortie de l’euro de l’un des pays pourrait déclencher la « mère de toutes les crises financières », parce que le marché déciderait avec son portefeuille bien avant que les décisions politiques ne soient prises.
Or, c’est précisément ce que l’on observe pour la Grèce. Le taux de rendement des obligations à 2 ans a grimpé à 28%, tandis que les obligations à 10 ans sont maintenant négociées sur le marché pour la moitié de leur valeur faciale.
Et cela fait des mois que les clients des banques procèdent au retrait de leurs dépôts… Ce sont des prêts supplémentaires de l’Europe et du FMI qui maintiennent la Grèce dans la zone euro, plus de prêts, qu’il faudra rembourser.
Si la Grèce décide de sortir de l’Euro, elle mettra l’Europe et la Banque Centrale Européenne dans une position très délicate, à cause de l’exposition des banques européennes sur la Grèce, et c’est ce qui motive l’Europe à s’acharner sur le patient grec.
Ironiquement, la menace du choix de l’abandon de l’euro conduirait certainement les pays du cœur de l’Europe à faire d’énormes concessions, y compris les abandons de créances qu’ils se refusent à faire aujourd’hui. Et ce faisant, ils pourraient bien inciter d’autres PIGS à réclamer d’autres gestes en leur faveur…