En grève illimitée depuis le 16 octobre, les sages-femmes ont décidé d’aller exprimer leur « ras le bol » au ministre de la Santé. Isabelle Martel exerce au centre hospitalier de Vitré depuis 8 ans. Elle nous explique pourquoi elle ira battre le pavé parisien ce jeudi 7 novembre.
Ce qui a mis le feu au poudre ? L’annonce du plan périnatalité le 15 octobre. Pour mettre en place cet ensemble de mesures qui déterminent au niveau national l’organisation des besoins et des moyens pour toutes les maternités de France, les sages-femmes n’ont jamais été consultées. Aussi dès le lendemain, un appel à la grève est lancé qui aujourd’hui touche prêt de 90 % des maternités en France. Une dizaine en Bretagne et le mouvement s’étend de jour en jour. Que les futures mamans se rassurent, cette grève se limite à un port de brassards et l’abandon de certaines tâches administratives. La continuité des services, elle, reste assurée.
Au cœur des revendications des sages-femmes : une meilleure reconnaissance, et un statut en rapport avec leurs responsabilités. Jeudi, elles iront manifester à Paris avec l’espoir de se faire entendre par Marisol Touraine, leur ministre de tutelle. Parmi les sages-femmes en grève depuis le 16 octobre et qui entendent être du voyage, Isabelle Martel revient sur ces deux revendications :
Ne plus être invisibles !
« Peu de femmes savent qu’elles peuvent consulter un médecin, un gynécologue-obstétricien, mais aussi une sage-femme. On est souvent apparentée à une assistante du docteur ou à une infirmière alors que nous sommes vraiment des spécialistes de la grossesse où tout va bien. On est formé pour cette prise en charge. Quand il y a une pathologie on peut orienter les patientes vers un gynécologue. On nous intégrant mieux dans le parcours de soin, ils pourraient ainsi dégager plus de temps pour une meilleure écoute et une meilleure prise en charge des grossesses difficiles. Ce que nous souhaitons donc c’est être reconnues comme Praticien de 1er recours comme un médecin généraliste qui ensuite oriente si besoin vers un spécialiste. »
Le même statut que les autres professions médicales à l’hôpital
« Actuellement notre statut s’apparente à celui des infirmières ou aides-soignantes. Mais elles travaillent sous les ordres d’un médecin tandis que nous on a une certaine indépendance. On fait des diagnostiques, on peut assurer le suivi d’une grossesse jusqu’à l’accouchement. On a été formé pour ça. Cinq ans d’études dont une de médecine. On a des responsabilités aussi, devant la loi. Si il y a un retard de prise en charge, une mauvaise décision, on peut vite se retrouver au tribunal. Pour toutes ces raisons on estime faire parti des professions médicales et non para-médicales. Et bien sûr le salaire doit être en rapport. Il faut savoir qu’aujourd’hui, une sage-femme qui débute gagne moins qu’une infirmière-anasthésiste. A peine 1600 euros par mois. »
La marche du 7 novembre à Paris débutera à 11h place Denfert-Rochereau pour finir devant le ministère de la Santé.