Dans leur volonté de maintenir leur hégémonie en Asie et face à la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, les États-Unis voient d’un bon œil les projets de renforcement des marines japonaises et coréennes.
La constitution en vigueur depuis 1947 assigne aux forces japonaises d’autodéfense la mission de se doter d’une armée strictement dédiée à la protection de l’archipel, en aucun cas à l’offensive. Cependant, les incidents récurrents avec la Chine et la Corée du Nord ont amené les autorités japonaises (avec l’accord bienveillant de Washington) de déroger aux règles en vigueur depuis la victoire alliée. Pour exemple : l’agence japonaise de Défense est devenue le ministère de la Défense et le préfixe des navires japonais est passé de JDS (Japanese Defense Ship) à JS (Japanese Ship).
Le Japon, possède déjà trois destroyers porte-hélicoptères (un quatrième bâtiment sera retiré du service en 2014 et remplacé par le JS Izumo, le plus grand navire militaire japonais construit depuis la capitulation). La mission de lutte anti-sous-marine, assignée au Japon pendant la Guerre froide, va se poursuivre avec l’augmentation du nombre de ses submersibles, de 18 à 22 d’ici 2016.
Néanmoins, il sera impossible, faute d’un budget suffisant, de se lancer dans la construction de porte-avions ; la nation nippone sera contrainte de prolonger la durée de vie de ses navires afin de préserver son rang.
La Corée du Sud s’est lancée dans la constitution d’une flotte océanique de grande ampleur. Actuellement, ce pays dispose d’un certain nombre de frégates, avisos et sous-marins et d’un navire d’assaut amphibie, le Dokdo, capable de transporter hommes et véhicules de combats terrestres et aériens, notamment 10 hélicoptères. Un second navire de ce type le Marado doit être armé prochainement.
Cependant, les ambitions sud-coréennes ne s’arrêtent pas là. Ainsi, dans le but de se constituer une marine de haute-mer, elle souhaite la construction d’ici 2036 de deux porte-avions légers de 30 000 tonnes, dont le modèle sera le porte-avions italien Cavour, d’une capacité de 30 aéronefs.
De son côté, l’Inde, qui avait pour habitude de cantonner sa flotte à la défense côtière, voit sa stratégie évoluer face à l’implantation de bases navales chinoises (en Birmanie, au Bangladesh et Pakistan) à proximité de son territoire. Sa marine, vieillissante, doit être impérativement renouvelée si l’Inde veux faire face à ce nouveau défi et maintenir l’équilibre des forces face au Pakistan.
Ainsi, l’unique porte-avions, l’INS Viraat (vieux bâtiment de la Royal Navy, cédé en 1986), va être remplacé par trois nouvelles unités : l’INS Vikrant, entièrement fabriqué en Inde et qui a pris la mer cet été, l’INS Vikramaditya (ancien porte-avions russe acheté en 2004) et un porte-avions lourd de 60 000 tonnes.
La Chine vient de lancer son premier porte-avions, le Liaoning (photo ci-dessus). Basé sur la coque de l’ex-navire soviétique Variag, il constitue une sorte de navire-école, destiné à former les futures équipages des bâtiments, construits entièrement en Chine (lancement en 2015 du second porte-avions).
Combien seront assemblés dans le futur ? Au moins trois, si l’on en croit le général chinois Luo Yuan, de l’académie militaire et scientifique de Pékin : « J’estime que leur nombre ne devrait pas être de moins de trois si nous voulons défendre nos droits et nos intérêts maritimes avec efficacité. »
Le club très fermé des marines de haute mer (États-Unis, France et Grande-Bretagne) va s’élargir dans les années à venir, une conséquence logique de l’émergence d’un monde multipolaire.