Annie Genevard, députée du Doubs et maire de Morteau, est déléguée à l’éducation pour Les Républicains. Elle a à ce titre puissamment contribué au projet élaboré par le parti et dont je faisais ici même la semaine dernière la recension critique. Elle a bien voulu répondre aux questions de Jean-Paul Brighelli.
Jean-Paul Brighelli : En quoi ce projet est-il original ?
Annie Genevard : Ce document d’orientation propose un projet global en trois points : l’importance du savoir et du maître ; l’organisation d’un système qui privilégie la proximité et la responsabilité ; une pédagogie qui vise à amener l’élève au meilleur de lui-même. Ce sont des changements importants qui réorientent fondamentalement la politique éducative de notre pays.
Avez-vous fait appel à des experts pour l’élaboration de ce projet ? Et qui ?
Nous avons travaillé plusieurs mois avec des enseignants, agrégés de lettres et d’histoire notamment, des parlementaires spécialistes de ces questions, des chefs d’établissement, des hauts fonctionnaires, différentes fondations comme la Fondation Concorde... Nous avons également auditionné des spécialistes, particulièrement sur la question de l’apprentissage de la lecture et des sciences cognitives. Par ailleurs, j’ai reçu un très grand nombre de contributions spontanées de praticiens de l’enseignement, souvent de grande qualité, atterrés par la situation actuelle et qui, tout comme Les Républicains, ne se résignent pas au déclin de notre système éducatif.
Effacer les erreurs de quatre ans d’idéologie scolaire peut-il suffire à constituer un projet ? Par exemple, abolir la réforme du collège, c’est certainement nécessaire – mais à condition de proposer une autre réforme, le collège fonctionnant mal de l’avis général. N’avez-vous pas l’impression d’avoir élaboré un catalogue d’intentions plutôt qu’un vrai programme ?
Il faut sortir de l’idéologie socialiste qui a fait beaucoup de dégâts. C’est la première étape avant la reconstruction. Notre projet se fonde sur un changement de paradigme quant aux missions de l’école : l’entrée se fait par le savoir et donc par les maîtres. C’est un point majeur qui signifie que l’on rend au maître sa mission première de transmission. Le cœur de l’école est la pédagogie, et non la réparation de tous les maux que la société est impuissante à guérir. C’est une rupture assumée avec des décennies de politique éducative dont les quatre années qui viennent de s’écouler constituent une caricature tragique. L’école doit éradiquer l’échec scolaire, et non l’échec social. Il n’y a pas de progrès social si les enfants n’accèdent pas au savoir.