Benjamin Stora succédera à Jacques Toubon comme président du conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). Cette nomination a été confirmée le 1er août dernier par Manuel Valls dans un communiqué.
Professeur à l’Université Paris XIII, Benjamin Stora est l’historien quasi-officiel des rapports entre la France et l’Algérie, ayant signé une quarantaine d’ouvrages sur le sujet. Il a également été commissaire de multiples expositions, réalisateurs de divers documentaires pour la télévision de service public ou encore conseiller historique pour des films tel que Là-bas... mon pays d’Alexandre Arcady (2000). Par ses travaux, il a largement participé à l’entreprise de culpabilisation de la France, de sa police et de son armée, notamment sur l’affaire du 17 octobre 1961, l’affaire du métro Charonne, etc.
Pour lui, l’Algérie c’est :
« Le pays de mes grands-parents, juifs venus par mon grand-père de Cordoue, d’Andalousie, et par ma grand-mère de Jérusalem, lorsque ses ancêtres ont fui la destruction du premier temple il y a des siècles et des siècles. Ma famille était installée depuis des siècles à Khenchela, la capitale des Aurès, et mon grand-père fut un ami de Ferhat Abbas, le père de l’indépendance. » (La Croix, 16 décembre 1995)
Né en décembre 1950 à Constantine (Algérie Française), il a rejoint la France en 1962 où il a adhéré, dès 1968, à l’Organisation communiste internationaliste (OCI) sous le pseudonyme de Truffaut, militant ainsi aux côtés de Julien Dray, Jean-Luc Mélenchon et Jean-Christophe Cambadélis, avec qui il participera à la création du syndicat Unef-ID en 1980 :
« C’était une manière de rentrer dans la société française par le biais de l’engagement politique, une façon pour les Juifs de sortir du ghetto dans lequel ils étaient sortis. Enfin, on pouvait parler ! » (Tribune juive, 30 octobre 1997)
Il a figuré en neuvième place sur la liste trotskiste à Sarcelles aux élections municipales de 1983 avant d’être, avec Jean-Christophe Cambadélis, un des principaux artisans de l’opération d’entrisme de plusieurs centaines de militants trotskyste au Parti socialiste en 1986 : « Il faut faire une fraction par groupe de trois sur le modèle du FLN pendant la guerre d’Algérie », expliquera-t-il. Officiellement retiré de la vie politique depuis 1988, il est toutefois resté dans l’orbite du PS, ayant soutenu Ségolène Royale en 2007.
Très proche du pouvoir socialiste, il est considéré comme « l’historien du président » (Paris Match, 20 décembre 2012), s’étant lié à François Hollande à partir de 2006 et l’ayant soutenu publiquement pour les élections présidentielles de 2012, devenant ainsi un de ses conseiller officieux. Il a par ailleurs été nommé inspecteur général de l’Éducation nationale par Vincent Peillon en septembre 2013. Benjamin Stora a participé activement à la préparation de la visite de François Hollande de décembre 2012 en Algérie, déclarant à l’occasion :
« Ce n’est pas un déplacement classique, l’Algérie, c’est une question de politique intérieure. »
Il n’a cessé, tout au long de ses ouvrages, de dénoncer la présence française, mais sans appuyer les thèses du FLN, les lambertistes ayant soutenu la faction adverse, le Mouvement national algérien. Il a d’ailleurs signé sa thèse sur son chef, Messali Hadj, en 1986.