C’est un avertissement très net, et inédit par sa fermeté, que vient d’adresser, à propos de la Syrie, Téhéran à Ankara. Par la bouche de son conseiller militaire, le Guide suprême de la révolution iranienne Ali Khameneï, autrement dit le « N°1 bis » de la République islamique, a mis le gouvernement turc en demeure de revenir sur ses dernières prises de position en politique internationale, en tous cas celles concernant la Syrie et le déploiement sur le territoire turc du « bouclier anti-missiles » de l’OTAN.
La Turquie doit « changer de comportement »
Le général Yahya Rahim-Savafi, conseiller militaire d’Ali Khamenei, qui s’exprimait samedi 8 octobre dans u entretien accordé à l’agence iranienne Mehr, a en effet été très clair : si le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan persiste dans cette voie, il aura des comptes à rendre non seulement au peuple turc mais aux pays voisins. « L’attitude des dirigeants turcs envers la Syrie et l’Iran est condamnable », a estimé le général Rahim-Safavi. « Ils agissent ainsi, je pense pour servir les intérêts de l’Amérique » (Ce n’est, en effet, pas à exclure a priori, Ndlr)
Et le haut-responsable militaire iranien, qui n’a pu s’exprimer sur un sujet aussi sensible, et avec une telle fermeté, sans l’aval de la direction iranienne, met les points sur les i : « Si la Turquie ne change pas de comportement, le peuple turc ne laissera pas faire et les pays voisins, la Syrie, l’Irak et l’Iran, devront réexaminer leurs relations avec Ankara ».
On notera que le général Rahim-Safavi évoque, très clairement là aussi, la mise en place d’un axe Téhéran-Damas-Bagdad opposé aux visées hégémonistes d’Ankara dans la région. Et là encore, on peut penser qu’il ne s’est pas avancé « sans biscuits » ! A vrai dire, les trois pays ont récemment conclu un partenariat, économique mais lourd de sens politiquement, avec la mise en chantier du « gazoduc islamique » voué à acheminer, via l’Irak et la Syrie, le gaz iranien vers l’Europe.
Par ailleurs on sait que le gouvernement iranien avait fait déjà, depuis le début de la crise syrienne, des pressions – plus discrètes que celle-ci – sur Erdogan afin qu’il mesure ses propos sur son voisin. Plutôt en vain jusqu’à présent.
On verra si cet avertissement plus « affirmé » fera son effet. Mais il démontre, s’il en était encore besoin, que les spéculations récentes des médias français sur une « prise de distance » des Iraniens vis-à-vis du gouvernement syrien, n’étaient qu’une énième intox, une nouvelle désinformation.
Au fond si « prise de distance » il y a, elle intervient entre les médias occidentaux et les réalités de terrain !
D’autre part, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Nicolas Madoros et son homologue cubain Bruno Rodriguez ont été reçus dimanche 9 octobre par le président Bachar al-Assad. Cette visite, avait déclaré samedi à Genève M. Madoros, « s’inscrit dans le cadre du soutien à la Syrie et du rejet de toutes les formes d’ingérence étrangère dans les affaires de la Syrie ». Précisons que des représentants diplomatiques de l’Equateur, du Nicaragua et de la Bolivie accompagnaient MM. Madoros et Rodriguez dans cette visite d’amitié.
Quand on sait par ailleurs l’attitude pro-syrienne constante d’un pays comme le Brésil au Conseil de sécurité des Nations-Unies, on voit qu’en Amérique latine – continent « émergent » – aussi, un front du refus de l’impérialisme américano-occidental s’affirme, et serre les rangs autour de la Syrie. C’est, en quelque sorte, un « No pasaran ! » d’un genre nouveau que lancent, à propos de la Syrie, ces « nations nationalistes » à l’intention des Obama, Sarkozy, Cameron et autres Erdogan !