Je ne sais pas si le livre d’entretiens entre Soral et Naulleau va faire date, je ne sais pas s’il va contribuer à faire chavirer le système, mais j’ai été très troublé par sa lecture. Non qu’il m’ait appris des choses nouvelles fondamentales. Ce n’est pas par son contenu que ce livre m’a désarçonné. Non, ce qui est tout simplement effarant, c’est la violence des coups que Soral porte à Naulleau sans que ce dernier soit en mesure de riposter autrement que par le sarcasme.
Avec ce livre nous avons l’échange dont nous avons toujours été privés à la télévision du temps où Naulleau sévissait dans l’émission de Ruquier On n’est pas couché à une heure de grande écoute. Et l’on comprend mieux pourquoi Soral est désormais interdit de télévision, parce que le compagnon de Naulleau dans On n’est pas couché n’était autre que Zemmour, qui est ce que le monde de la bienpensance peut tolérer de plus corrosif, mais qui n’est jamais qu’un Soral castré, conformément au principe que les seuls hommes tolérés par le monde du spectacle politico-médiatique, de même que dans un harem, sont les eunuques.
Le monde du spectacle, on le sait, est inféodé au mensonge et à la manipulation ; un Zemmour peut y parader car ce qu’il omet de dire, dans sa dénonciation du politiquement correct, correspond exactement aux besoins du système. Dans un harem, l’eunuque est au service des femmes entretenues, même s’il les maltraite parfois, pour qu’elles restent le mieux disposées à satisfaire le mâle dominant. Ultimement, Zemmour agit de même envers le politiquement correct, il le maltraite souvent, mais il est indispensable au système pour lui permettre de garder la main sur celles et ceux qui seraient tentés par la dissidence authentique et radicale, utilement il est au service du mâle dominant : le réseau talmudo-maçonnique. Tâche qu’à l’évidence, un Soral est parfaitement incapable d’assurer. Heureusement pour lui.
Tout ça pour dire qu’entre les deux protagonistes, Soral et Naulleau, celui qui en ressort le pus grandi, c’est Naulleau. Mais il est vrai que Soral n’en avait pas besoin à mes yeux. Je vous livre ici une impression à vif, mais je ne peux tout simplement pas concevoir que Naulleau ait accepté d’encaisser autant de coups s’il n’entendait pas, par ce livre, de façon extrêmement rouée, régler ses comptes avec le monde du spectacle en aidant, à sa manière, à la levée du voile sur tous les mensonges et falsifications que le système couvre.
Ce ne serait donc pas Zemmour l’authentique contempteur du système, mais bien Naulleau. Je veux dire par là que Naulleau se fait tellement étriller – en adoptant la seule posture critique estampillée de gauche que le système lui permet de camper sans qu’il s’en fasse exclure – que la publication de ce livre est pour moi, de la part de Naulleau, une forme de contribution, parfaitement consciente et assumée, au travail de vérité que mène un Soral. Les verges qu’il tend à Soral pour se faire battre sont trop nombreuses pour être le fait du hasard. Naulleau est le cheval de Troie de Soral dans le système, ce qu’il lui est impossible d’ignorer.
Julien Gunzinger