L’ancien patron de Reporters sans frontières, Robert Ménard a poursuivi mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris l’hebdomadaire Marianne en diffamation, estimant que celui-ci l’avait accusé d’antisémitisme. Il réclame 150 000 euros de dommages et intérêts et quatre publications judiciaires.
Dans un article publié dans son édition du 22 septembre 2012, le journal avait publié les propos suivants :
"Alain Soral est passé de mode. Mais il reste Dieudonné, Robert Ménard et Thierry Meyssan. (...) Ces porteurs d’idéologie profitent et entretiennent la détestation selon une stratégie bien déterminée, analyse le chercheur en philosophie Vivien Hoch. Leurs diverses provocations, leur entretien de l’idéologie antisémite et leur ironie constante devraient les écarter du débat public".
Une première pour Robert Ménard
"C’est la première fois de ma vie qu’on me qualifie d’antisémite" et "que je poursuis un journal ici en France", a déclaré Robert Ménard, aujourd’hui candidat aux municipales à Béziers (Hérault) soutenu par le Front national et Debout La République. Il n’avait pas voulu faire de droit de réponse par crainte que cela ne mette des semaines pour aboutir et pour lui, il était "hors de question" de se justifier face à ces accusations "aussi graves et offensantes", "c’est au journal de s’excuser".
"Comme si on pouvait traiter quelqu’un d’antisémite comme ça !", s’est-il exclamé, furieux, soulignant que le philosophe sur lequel la journaliste s’appuie "n’a jamais dit ça" et avait démenti auprès de lui l’avoir inclus dans son propos. "La journaliste décide elle-même de donner en pâture le nom de Robert Ménard", a déploré son avocat, Me Gilles-William Goldnadel, y voyant un "appel délibéré à la mise à l’index".
Maladresse journalistique ?
L’avocate de Marianne, Me Lauranne Favre, a argué que dire que M. Ménard entretiendrait l’idéologie antisémite ne signifierait pas qu’il serait antisémite. "Au pire c’est une maladresse journalistique", a-t-elle estimé. Selon elle, Robert Ménard, qui s’est "engagé à maintes reprises" pour la liberté d’expression aurait "changé de côté". La magistrate du parquet a quant à elle jugé le "procédé journalistique parfaitement contestable", mais a considéré qu’il s’agissait ici d’une "manifestation d’opinion", certes "désagréable", mais que les propos ne sont pas suffisamment précis pour que le tribunal les condamne. Délibéré le 16 janvier.