Quand le président russe, Dmitri Medevedev, a accepté, en novembre 2010, la collaboration de son pays au système de défense antimissile de l’Otan, le secrétaire général de cette dernière, Anders Fogh Rasmussen, y avait vu un « tournant ». Et l’hôte du Kremlin de déclarer que la période de tensions entre l’Alliance atlantique et la Russie était révolue.
Auparavant, la Russie voyait dans ce projet de bouclier antimissile, qui repose largement sur des moyens américains, une menace et une atteinte à son potentiel de dissuasion nucléaire. D’où l’importance, à l’époque, de la déclaration du président Medvedev.
Seulement voilà, il ne faut jamais se réjouir trop vite. En effet, cette coopération n’est envisageable, pour l’Otan, que sous la forme d’échanges d’informations et la mise en place de procédures mutuelles d’alertes. Or, la Russie espérait une collaboration beaucoup plus large, en apportant elle-même des composants de cette défense antimissile, lesquels prendraient en charge d’éventuels missiles balistiques ciblant l’Europe et passant par son territoire.
A plusieurs reprises, le président Medvedev a évoqué une reprise de la course aux armements si la Russie n’obtient pas satisfaction sur les conditions de sa participation au bouclier antimissile de l’Otan, ainsi que des garanties écrites pour s’assurer que ce système ne la menace pas.
Et sur ces deux points, l’Otan n’est pas prête de céder. Ainsi, Anders Fogh Rasmussen a fait savoir que l’Alliance n’envisage pas de donner ces fameuses garanties écrites à Moscou.
« La voie la plus prometteuse pour accroître la confiance, c’est plus de discussion et plus de débat politique, plutôt que de formules juridiques complexes qui seraient difficile à faire ratifier par 29 pays (Russie et les 28 pays membres de l’Otan, ndlr), a-t-il fait valoir auprès de l’agence Interfax.
Quant à la collboration avec Moscou concernant cette défense antimissile, Anders Fogh Rasmussen a une nouvelle fois indiqué qu’il s’agissait d’établir des « synergies », et cela, pour une « raison simple », à savoir que « l’Otan ne peut confier des obligations, contractuelles entre ses membres, à des pays non membres ».
« La vision de l’Otan, c’est deux systèmes séparés mais liés, qui partagent et échanger des informations permettant de mieux déterminer les possibles menaces » a précisé le secrétaire général de l’Alliance atlantique.
Pour le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, la position défendue par Anders Fogh Rasmussen, mais qui est aussi celle des 28 Etats membres de l’Otan, n’est tout simplement pas acceptable, même s’il espère qu’un accord soit toutefois trouvé ultérieurement.
« Si cela continue dans la même direction, en 2020, le potentiel stratégique de la Russie sera diminué par l’existence du système antimissile que l’Otan est en train de mettre sur pied pour protéger l’Europe » a-t-il expliqué, à l’issue d’une réunion du Conseil Otan-Russie (COR), le 8 juin.