Contrairement à ce qu’annonçait la chorale médiatique occidentale, le communiqué final du Groupe d’action pour la Syrie réuni à Genève n’évoque en aucun cas le départ de Bashar Al-Assad. Parce que le problème de la Syrie n’est pas la répression d’un soulèvement mais bien l’intervention de combattants armés étrangers, il s’agissait avant tout pour Russes et Chinois de conduire toutes les parties à s’engager contre la militarisation du conflit et pour le respect de l’intégrité du territoire syrien.
L’accord auquel sont parvenus à Genève les cinq membres permanents du Conseil de sécurité relègue les réunions des « amis » de la Syrie au rang d’amusant souvenir d’un unipolarisme dont l’acte de décès à été établi le 4 février 2012 à New York.
Profondément préoccupés par l’intensification de la violence », qui risque d’élargir le conflit à des dimensions régionales, ils demandent avec fermeté « la cessation de la violence armée sous toutes ses formes ». Qui sont les non-violents ? Les membres du Groupe d’action pour la Syrie qui, réunis à Genève le 30 juin, ont émis un communiqué final [1].
À leur tête on trouve les États-Unis, metteurs en scène de l’opération guerrière par laquelle, après la destruction de l’État libyen, ils tentent désormais de démanteler celui de Syrie. Des agents de la CIA, écrit le New York Times, sont à l’œuvre secrètement depuis la Turquie méridionale, recrutant et armant les groupes qui combattent le gouvernement syrien [2]. À travers un réseau clandestin transfrontalier, où est aussi à l’œuvre le Mossad, ils reçoivent des fusils automatiques, des munitions, des missiles anti-chars et des explosifs. Par une vidéo postée sur YouTube, ils montrent comme ils savent bien s’en servir : un camion civil, pendant qu’il passe à côté d’un magasin, est détruit par l’explosion d’un puissant engin télécommandé.
La Turquie aussi exprime son « opposition à la militarisation du conflit », qui doit être « résolu par un dialogue pacifique » : c’est elle qui fournit le centre de commandement à Istanbul, d’où est dirigée l’opération, et les bases militaires où sont entraînés les groupes armés avant de les infiltrer en Syrie ; c’est elle encore qui, prenant prétexte de l’abattage d’un de ses avions militaires qui volait à basse altitude le long de la côte syrienne pour en tester les défenses anti-aériennes [3], amasse maintenant ses propres troupes à la frontière en menaçant d’une intervention « défensive ». Qui servirait d’hameçon à une attaque à vaste échelle de l’Otan sur la base de l’article 5, dépoussiéré pour l’occasion tandis que pour l’attaque contre la Libye on avait utilisé une sorte d’article 5 inversé.
Les autres membres du Groupe aussi déclarent être « engagés à défendre la souveraineté, l’indépendance, l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la Syrie » : ce sont la France, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ceux qui mettent en acte en Syrie la même opération que celle déjà effectuée en Libye : entraînant et armant l’ « Armée syrienne libre » et d’autres groupes (une centaine environ), recrutés dans divers pays, et dont les membres sont payés par l’Arabie Saoudite ; ils utilisent aussi des militants et des groupes armés islamistes entiers, auparavant marqués comme de dangereux terroristes ; ils infiltrent en Syrie des forces spéciales, comme celles du Qatar envoyées l’an dernier en Libye, camouflées en groupes d’opposants internes.
Et les membres du Groupe d’action qui demandent la « liberté de mouvement dans tout le pays pour les journalistes » sont les mêmes qui, en mystifiant aussi les images, mènent une campagne de martèlement médiatique à l’échelle mondiale pour attribuer au gouvernement syrien la responsabilité de tous les massacres. Ce sont les mêmes qui ont organisé l’attentat terroriste où ont été tués trois journalistes syriens [4], quand un de leurs groupes armés a attaqué la télévision al-Ikhbariya à Damas, en l’attaquant à coup de missiles et en la faisant ensuite exploser.
Il s’agit aussi de faire exploser l’assurance donnée par la Russie et la Chine, membres du Groupe d’action, que personne de l’extérieur ne pourra prendre de décisions à la place du peuple syrien. Les puissances occidentales, elles, ont déjà décidé, en mettant en marche leur machine de guerre, d’annexer de nouveau la Syrie à leur empire.
[1] « Communiqué final du Groupe d’action pour la Syrie », Réseau Voltaire, 30 juin 21012.
[2] “C.I.A. Said to Aid in Steering Arms to Syrian Opposition”, par Eric Schmitt, New York Times, 21 juin 2012.
[3] « Le Pentagone établit que l’avion turc a été abattu dans l’espace aérien syrien », Réseau Voltaire, 2 juillet 2012.
[4] « Guerre médiatique contre la Syrie : l’ASL assassine 3 journalistes », Réseau Voltaire, 29 juin 2012.