Le monde se divise finalement en deux catégories :
- Les uns, majoritaires et de tous camps, « travaillent », consciemment ou même inconsciemment, activistes ou attentistes, peu importe, à accélérer les « Écritures » (ou les constats dissidents), accélérer la déliquescence du monde moderne, accélérer l’effondrement économique et/ou encore espérer une révolution globale, une troisième guerre mondiale, un déluge ?
Leurs réalisations selon des interprétations messianiques, d’opposition, de rébellion ou de domination, qui se résument souvent dans leurs certitudes qu’ils peuvent incarner le camp du bien et de la vérité dans ces réalisations... Ils travaillent donc de facto pour le processus de domination et donc d’inversion, puisque ce positionnement est au final prétendre incarner l’ordre, le divin ou la raison, de plier la volonté du cosmos, c’est selon. En somme de maîtriser le réel dans sa totalité.
- Les autres, minoritaires et souvent du camp de personne, font de l’histoire et de la pédagogie, gagnent du temps pour mieux se préparer, tendent à éviter tous les pièges qu’impose la première catégorie (choc des civilisations en premier plan), ne prétendent incarner que leur propre auto-détermination et leur survie dans cette volonté de chaos généralisé. Pour les plus mystiques ou religieux d’entre eux, ils prétendraient d’avantage à une connexion directe, une non-reconnaissance de la légitimité d’intermédiaires auto-proclamés pour communier et prier sans pour autant tomber dans le synchrétisme ou le mépris de la tradition. Ils sont l’avant-garde qui comprend le piège de l’accélération de la fin des temps qui en réalité créé la fin des temps (anti-impérialisme d’avant-garde).
Les premiers ne comprennent pas ou feignent de comprendre que des prophéties, ce sont d’abord des mises en gardes, ce qui arrivera si nous échouons...
« Les habitants de la terre se divisent en deux, Ceux qui ont de l’esprit mais pas de religion, Et ceux qui ont de la religion mais pas d’esprit. » Abu-l-Ala al-Maari
Alors que le but précis des Écritures et/ou des analyses socio-économiques dissidentes est de nous prévenir d’un cycle qui se répète car nous ne comprenons pas, interprétons mal et n’écoutons pas les Écritures (ou autres analyses contemporaines), qui nous disent ce qui est arrivé et ce qui arrivera si ne nous respectons pas l’ordre du cosmos ou simplement les expériences de chaos à travers l’Histoire, ne partageons pas de valeurs communes et ne ciblons pas les divisions réelles et les clivages effectifs à travers cette Histoire.
Pour la première catégorie. Si « la recherche de la vérité et le respect du sacré sont la même discipline », l’illusion pour nos libres arbitres, notre instinct, est de nous faire croire qu’il faudrait trancher entre (ou embrasser) ces trois subtilités que seraient (autant « spirituellement » que politiquement) :
- Celui d’incarner les « eschatologies » qui sont prophétisées, par le biais d’un « projet » universel, d’incarner la « révolution sociale », selon la grille de lecture que nous défendons (croyant/athée), dans une vision manichéenne et « moderne » (défense qui s’exprime dans notre comportement quotidien et notre participation à un mouvement). Incarner un « alter-mondialisme accélérant ». Qui s’exprime généralement par des leaders auto-proclamés, imposés par les médias ou qui ont pris le pouvoir de ce logiciel par le haut.
- Celui d’incarner les « eschatologies » (ou la « révolution sociale ») de façon identitaire, de s’en remettre à notre famille idéologique corps et âme – son camp à soi et son projet de domination –, d’essentialiser ses grandes lignes (ses mythes fondateurs), de se laisser entièrement assister par ce logiciel dans un mouvement qu’il soit de masse ou groupusculaire. Un « communautarisme accélérant ».
- Celui d’incarner les « eschatologies » (ou la « révolution sociale ») de manière transcourants et radicale. De rejoindre en somme la catégorie minoritaire des anti-impérialistes intégraux quasi en tous points, d’en faire partie même. Tout en validant en dernier lieu la « révolution », en tout cas en la souhaitant. En retombant dans le piège de l’accélération par réaction « stratégique » et colère « tactique ». Un « anti-impérialisme accélérant ».
Nous avons le billard à trois bandes de l’opposition interne dans la « dissidence » qui a choisi l’accélération : « alter-mondialisme accélérant » - « communautarisme accélérant » - « anti-impérialisme accélérant »
L’absolutisme est d’embrasser ces trois « subtilités » (dualisme transcendantal ?) (exemple : Zeitgeist et, en opposition mais sur le même créneau, un nouvel ordre mondial religieux et unique), en conscience, les valider entièrement et sans nuance en tant que seules chemins possibles, plutôt que d’embrasser la troisième voie de l’anti-impérialisme intégral (monisme dialectique ?). Subtilités qui sont de toutes façons une totalité dans leurs conclusions et dans leurs résultantes, qui convergent vers le même phénomène de la « création de la fin des temps » par la volonté de participation et d’accélération.
D’un éloquent constat, nous pouvons faire une mauvaise conclusion, ensuite adopter des stratégies tronquées et arriver à des solutions catastrophiques qui travaillent contre nous.
Le manque de discernement précipite et accomplit des mises en garde plutôt que de les circonvenir (en se servant justement de ses Écritures et analyses) ou essayer d’y faire face sans provoquer d’avantage de croissance exponentielle, l’expression concrète du « mal ». Y faire face avec nos limites humaines mais dans la volonté universelle bien comprise qui est que le « mal » ne puisse pas s’incarner ou que nous puissions le décrypter pour lutter contre ses incarnations autant conceptuelles qu’humaines, même s’il est inéluctable.
L’éviter par la force des efforts de compréhension et d’amélioration du matériel humain et non par l’inversion totale pour nourrir cette perspective de chaos.
En croyant non seulement la provoquer, accélérer son processus, alors que l’Homme, l’individu, n’est que pour très peu dans le combat manichéen en cours mais qu’il en est surtout acteur malgré lui. Acteur du système, acteur de la masse et même un dommage collatéral de cet affrontement métaphysique (c’est n’avoir aucune foi en Dieu si nous sommes croyants et aucune foi en l’Homme si nous sommes humanistes).
Mais aussi en croyant incarner ceux qui remettront de l’ordre, en participant ou en laissant s’accomplir l’état de chaos, ce qui est une preuve de schizophrénie et de mégalomanie que de vouloir incarner à la fois : le changement et le chaos/l’ordre et le chaos/le logos et le chaos, autrement dit : l’« Ordo Ab Chao ».
Le chaos sans l’aimer.
La réponse sera méta-politique !