« Une condamnation virulente d’une opération policière qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Durant les procédures, les avocats du couple les ont décrits comme des êtres vulnérables, d’ex-toxicomanes, traités à la méthadone, vivant de l’aide sociale, dans un appartement en sous-sol »
C’est le résumé de l’affaire Nuttall-Korody, qui vient de s’achever ce 29 juillet 2016 par un arrêt des procédures à leur encontre.
Ces deux « terroristes » canadiens étaient poursuivis pour avoir déposé une bombe en forme de cocotte-minute devant un palais législatif en 2013. En réalité, à chaque étape de ce « complot », ils avaient été chapeautés par la GRC, la gendarmerie royale du Canada.
Les exemples de manipulations politico-terroristes révélées au grand public sont rares. On se souvient de notre ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, qui avait voulu voir dans les gauchistes de Tarnac, sous la férule de Julien Coupat, la résurgence d’un terrorisme d’extrême gauche qui avait flambé dans les années 70. Avant que ce soufflé ne s’effondre sur lui-même, l’inflltration de l’ultra-gauche par les policiers des renseignements généraux était une habitude, en France. Sauf que ça restait en famille.
Aujourd’hui, avec l’histoire édifiante de ce couple de marginaux ultra manipulables, on le voit, se posent des questions sur le nouveau terrorisme que connaît la France. Il est le fait de jeunes hommes – parfois ne dépassant pas 20 ans – totalement dépolitisés, d’une formation politique et religieuse plus que rudimentaire (leurs vidéos sont affligeantes), une sociologie du tueur qui prête le flanc à toutes les manipulations, là aussi.
Personne n’a oublié le programme des mammifères marins de l’US Navy : pendant la guerre du Vietnam (années 60), la marine américaine a entraîné des dauphins pour repérer les mines ennemies, porter des messages dans les profondeurs, et éventuellement – ce que les responsables du projet démentent – poser des bombes. L’intelligence et la vitesse de cet animal ont été utilisées sans vergogne par les chercheurs militaires. Depuis, ils ont été remplacés par des robots.
John Nuttall et Amanda Korody libres, mais soumis à de sévères conditions pour un an
Une juge de la Cour suprême de Colombie-Britannique a ordonné l’arrêt des procédures contre John Nuttall et Amanda Korody, reconnus coupables d’avoir comploté un attentat à la bombe devant le palais législatif de Victoria en 2013.
Leur condamnation avait été suspendue le temps d’un deuxième procès les opposant aux forces de l’ordre. Au cours de ce deuxième procès, la défense a prouvé que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et son agent d’infiltration avaient utilisé une manoeuvre visant à encourager le couple à passer à l’acte.
John Nuttall et Amanda Korody ont été libérés après le prononcé de la décision de la juge vendredi, mais ils ont rapidement été de nouveau arrêtés par les policiers pour répondre en Cour provinciale à une demande d’engagement de ne pas troubler l’ordre public se rapportant à une activité terroriste, déposée par le Service des poursuites pénales du Canada.
Ils ont été libérés une deuxième fois, mais sont soumis à des conditions de libération sévères pour la prochaine année.
D’autre part, la Couronne n’a pas encore décidé si elle porterait la décision en appel.
John Nuttall et Amanda Korody ont déjà passé trois ans en détention.
La GRC est allée trop loin
Dans sa décision, la juge Catherine Bruce de la Cour suprême de la Colombie-Britannique affirme que la GRC est allée trop loin et qu’elle a piégé le couple pour l’inciter à commettre un attentat. Elle ajoute que les deux personnes ne disposent pas de capacités intellectuelles suffisantes pour organiser un attentat seules.
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Article du même site en date du 8 juin 2016.
Affaire Nuttall-Korody : une opération d’infiltration de la GRC dénoncée en cour
Les tactiques policières illégales employées durant une opération d’infiltration ayant mené un couple à être reconnu coupable d’infractions reliées au terrorisme doivent être condamnées vigoureusement, indique une déclaration de la défense déposée devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique.
John Nuttall et sa conjointe Amanda Korody ont été reconnus coupables l’an dernier, mais leurs condamnations sont suspendues pendant que leurs avocats font valoir que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a piégé leurs clients pour leur faire croire qu’ils posaient ce qu’ils croyaient être des bombes cocotte-minute dans l’enceinte de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique.
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Me Sandford a soutenu que la police avait soutenu et encouragé une activité terroriste en aidant le couple à concevoir, fabriquer et transporter les explosifs artisanaux. Elle a fait valoir qu’il importait peu que la GRC sût que les engins n’exploseraient pas, disant que la GRC avait délibérément « facilité une activité terroriste ».