Cela a chauffé devant le rectorat de Créteil ce mercredi 25 juin après-midi. Une quinzaine de membres du collectif Copie, venus protester avec leurs enfants contre « l’éducation sexuelle précoce », l’ABCD de l’égalité et la réforme des rythmes scolaires, ont manifesté face à 25 personnes issues notamment de la LDH et de syndicats comme la CGT ou Sud Education, venus contre-manifester.
Durant plus de deux heures, les deux groupes antagonistes se sont fait face, sans qu’aucun dialogue ne s’engage, laissant la tension monter jusqu’à la cacophonie générale. Côté collectif Copie, armé d’un mégaphone, on scande des « C’est mon éducation je veux qu’on la respecte » tandis que, côté syndicats et LDH, on réplique le poing levé par des « Oui à l’égalité, non au sexisme et à l’homophobie » ou encore « Pas de programme pour les réacs et pas de réacs dans nos programmes ».
« Le but, c’est de ne pas leur laisser occuper le terrain » explique Sophie, une militante de Sud éducation Créteil et professeure dans un lycée de Vitry-sur-Seine. « Il y a toute une mouvance Belghoul qui est en train de se fédérer au niveau du département, et ces gens là vont essayer de faire pression en intégrant les fédérations de parents dans l’école publique, c’est un véritable danger. Cette rencontre entre intégristes et conservateurs de tout bord est inquiétante. Leur démarche se place dans un processus de déstabilisation. La preuve, Benoit Hamon annoncera début juillet s’il décide de maintenir et de généraliser ou pas l’ABCD de l’égalité. »
Créé en avril dernier, le collectif Copie s’est formé via les réseaux sociaux sur lesquels des mamans exprimaient leurs inquiétudes vis à vis des réformes éducatives. Ce noyau de mères s’est alors constitué en association qui fédère, pour l’instant, une trentaine de membres et quelques 580 sympathisants sur Facebook. « Nous défendons l’autorité parentale, parce qu’on a l’impression d’être mis sur la touche. Nous considérons que le gouvernement n’a pas à endoctriner ou bourrer le crâne de nos enfants avec des idéologies qui déjà, au niveau sociétale, ne font pas l’unanimité, comme le mariage gay par exemple » détaille Yassi, membre du collectif. « Nous refusons que l’on nous impose ces changements de mentalité. Nous sommes pour l’égalité fille-garçon mais contre l’indifférenciation. L’école doit se limiter à l’instruction : lire, apprendre et compter. Il y a tellement d’autres choses à faire avant de parler de sexualité. Concrètement, nous demandons la suppression d’outils de communication tels que des livres ou des films, comme le “Baiser de la lune”. »
Egalement dans la ligne de mire des membres du collectif Copie : la Ligne Azur, un dispositif d’information contre l’homophobie et pour la prévention du suicide. Lancé en 1997, il propose informations et soutien à toute personne qui se pose des questions sur son orientation sexuelle, un cap difficile notamment à l’adolescence. « Nous réclamons la suppression de cette ligne qui contient des images explicites qui peuvent choquer de jeunes enfants qui débutent le collège. Et tout ça derrière le dos des parents ! » s’indigne Yassi.
Des futurs adhérents de la Fapec
Tout en indiquant ne pas partager toutes les idées de Farida Belghoul, jugée trop radicale, plusieurs membres du collectif indiquent qu’ils rejoindront sa nouvelle fédération de parents d’élèves, la Fapec.
Syndicats et Ligue des droits de l’homme avaient également réagi à la venue à Créteil, il y a quelques semaines, de Farida Belghoul, militante anti-ABCD de l’égalité. Voir le reportage de l’époque.
Rappel sur l’ABCD de l’égalité
L’ABCD de l’égalité est un dispositif initié par l’Education nationale pour lutter contre la formation des inégalités dès le plus jeune âge, en agissant sur les représentations des élèves et les pratiques des acteurs de l’éducation grâce à des outils pédagogiques et une sensibilisation des enseignants. L’Education nationale rappelle qu’il ne s’agit pas de nier les différences biologiques entre les sexes mais de lutter contre les inégalités sociales qui en découlent, et s’appuie sur l’article 121.1 du code de l’Education pour légitimer son devoir d’agir.