Bonjour M. Soral, bonjour lecteurs d’E&R,
Je désire apporter certaines précisions concernant la cérémonie de Verdun à laquelle j’ai participé en tant qu’animateur d’un groupe de jeunes Français et Allemands.
Tout d’abord, un premier détail très intéressant, qui a eu lieu un mois avant la cérémonie, est à relever. Il y a donc un mois, nous, les animateurs, avons suivi à Verdun un séminaire de formation au cours duquel nous nous sommes rendus à la nécropole de Douaumont. À côté de la nécropole, un monument très imposant était en train d’être construit. Il ne s’agissait de rien d’autre que d’un monument érigé à la mémoire des volontaires israélites tombés au champ d’honneur. Cela m’a interpellé car j’ai toujours entendu parler ou vu des photos de tirailleurs sénégalais et d’autres indigènes issus des colonies ayant combattu aux côtés des poilus mais jamais de « volontaires israélites ». Toujours est-il, ce monument était prêt et bien visible le jour de la cérémonie. J’en conclus qu’il a été construit exprès pour cet événement très médiatisé. Chaque visiteur de la nécropole pourra constater sa hauteur encore plus imposante que celle du monument érigé en mémoire des musulmans (réellement) tombés sur le sol français.
Concernant la commémoration gérée par Joseph Zimet et la Mission du Centenaire, l’organisation a été ca-ta-stro-phi-que. Les enfants participants ont été la dernière roue du carrosse. Au cours des journées qui ont précédé la commémoration, je peux vous affirmer que les jeunes n’ont pas eu de douches chaudes, pas eu de chauffage dans les tentes où ils dormaient et qu’il a fallu attendre le 3ème jour avant qu’on décide de leur distribuer des couvertures supplémentaires. La nourriture SODEXO servie était de très mauvaise qualité et complètement inadaptée pour de nombreux participants allemands et français végétariens. Les journées surchargées ont conduit à un épuisement général des enfants et ont mené certains professeurs à menacer de boycotter la cérémonie du dimanche si aucun temps de repos supplémentaire n’était prévu.
Le jour de la cérémonie, les enfants ont dû patauger dans la boue, l’un d’eux s’est même luxé un genou en glissant. On leur a distribué des sandwiches froids de mauvaise qualité et fait attendre pendant sept longues heures en tout dans le froid et sous la pluie sans qu’aucune information ne nous soit transmise à nous les animateurs sur la suite des événements.
Un détail m’a marqué au cours de cette cérémonie : lorsque François Hollande et Angela Merkel ont tenu leur beau discours, comme quoi la jeunesse était l’avenir de l’Europe et qu’il fallait lui inculquer les valeurs européennes et républicaines, les deux chefs d’État nous ont tourné le dos tout le temps qu’ont duré les discours, préférant faire face à la délégation de ministres et de journalistes présents. Ils ne nous ont même pas salués avant de quitter Douaumont sitôt le discours fini, ce qui montrait bien quelles étaient les personnes prioritaires lors de cette cérémonie hypocrite.
En revanche davantage de moyens avaient été prévus pour l’accueil des officiels et des journalistes. Je n’ai évidemment pas la facture du traiteur, mais champagne, petits fours et saumon s’étalaient joyeusement dans les mains gourmandes des convives. Ce dont nous ne pouvons pas nous plaindre en revanche, c’est du déploiement des forces militaires et policières incroyables dépêchées pour assurer notre sécurité : des barrages de police à chacun de nos déplacements en bus, deux hélicoptères survolant la zone le dimanche, une escorte de 40 motards de la gendarmerie nationale ainsi que l’armée quadrillant jour et nuit les bois autour de Douaumont protégeant terre et ciel, le tout aux frais généreux du contribuable.
Autre détail final croustillant que je me fais un plaisir de vous dévoiler et qui montre à quel point l’Élysée est déconnecté du monde réel : lorsque le bureau de Joseph Zimet a contacté l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (l’OFAJ), chargé des animations interculturelles entre les groupes de jeunes pour lequel je travaille en tant que bénévole, ils ont demandé à ce que nous nous occupions de réunir 16 000 jeunes (puisqu’il y a 16 000 tombes dans la nécropole). 16 000… Nous avons eu déjà un tel mal fou à combler les pots cassés de cette organisation calamiteuse, non seulement auprès des 4 000 jeunes (et pas 3 400), mais aussi auprès de leurs professeurs, que je n’ose imaginer la chienlit qu’aurait représentée la participation de 16 000 jeunes..
Les médias se sont focalisés sur la partie de la chorégraphie où nous courons à travers les tombes mais occultent complètement la partie où nous nous recueillons face aux tombes en nous tenant la main alors que la Garde Républicaine interprète l’Hymne à la Joie. Je suis de l’avis de Manuel Valls lorsqu’il dit : « c’était une belle cérémonie ». En revanche, Manu tu peux aller te faire cuire un œuf car ce n’est certainement pas grâce aux services de l’Élysée que cette cérémonie a été belle, mais grâce à notre travail de médiation interculturelle constant et surtout à la patience et la bonne volonté des jeunes et de leurs professeurs. J’ajoute, Manu, que toi, tu aurais fait partie de cette bande d’élites arrogantes, qui nous auraient tous envoyés au front sans le moindre état d’âme, de la même manière que tu poses les bases de la guerre civile dans notre pays.
Pour conclure, j’ai constaté que cet événement est un immense coup de communication en marge de la campagne présidentielle de François Hollande pour 2017, où les grands moyens ont été sortis aux huiles perchées en haut de l’échelle sociale, payés par les vaches à lait que nous sommes, de manière à ce que le paraître et la représentation soient les mots d’ordre de cette cérémonie, qui reflète bien la façon dont ce pays est dirigé.
Je garderai malgré tout un bon souvenir de l’échange franco-allemand qui s’est opéré. Au-delà de la cérémonie, l’échange complet qui a duré 4 jours a été une grande expérience humaine pour les jeunes ayant participé. Aucun n’a voulu témoigner une marque d’irrespect envers les soldats et tous sont devenus au contraire davantage conscients de la nécessité de la paix.
Une paix que s’efforcent de préserver Alain Soral et E&R en nous réinformant, nous les simples gens descendants de poilus, qui, s’ils avaient eu leur E&R de l’époque, ne seraient certainement pas allés se battre pour des élites aux antipodes du peuple et de la raison.
Bravo à vous et bon courage pour la suite.
Avec toutes mes amitiés,
C.N.