Cher M. Soral,
Issu par mon père d’une famille de résistants protestants (décorés au combat) et par ma mère d’une famille juive roumaine, j’ai été élevé dans les valeurs de l’école publique et de parents « Vieille France ». Je n’ai pas été baptisé, et me suis considéré, dès qu’une conscience politique m’est apparue, comme un républicain laïc, athée, attaché aux Droits de l’Homme et à la liberté d’expression. Il faut saluer tous ceux qui, à l’époque, ont éduqué mon impertinence et ma culture du doute : Coluche, Desproges, Le Luron et toute la bande d’Hara-Kiri.
Mari fidèle, père attentif, j’ai naturellement voté à gauche étant jeune, puis à droite lorsque le temps de la libre entreprise fut venu. J’exerce aujourd’hui une profession libérale.
Il y a quelques années, j’avais été troublé par les réactions face au fameux sketch de Dieudonné. Je les avais trouvées violentes, disproportionnées et malsaines. Car ce que j’avais vu dans ce sketch n’était rien de plus qu’une satyre politique dans la grande tradition.
M’informant par la télé et la radio publiques, je n’avais plus compris où voulait en venir Dieudonné lorsqu’il avait fait monter Faurisson sur scène, ni davantage lorsque J.-M. Le Pen était devenu le parrain de son fils. Le Pen était pour moi, et depuis trente ans, l’équivalent du Diable, en pire. J’ai décroché, sans jamais cependant cesser de défendre le talent comique sans égal de l’humoriste.
Et puis, Internet aidant, j’ai visionné les spectacles de Dieudonné, ainsi que ses interviews. Je me suis rendu compte qu’il n’était pas l’ignoble personnage qu’on m’avait dépeint. Tout le monde en prenait pour son grade. Toi, moi, les camerounais, les bretons, tous les autres, en particulier ceux qui lui avaient fait la peau. Point de haine, pas d’appel au crime, juste de l’autodéfense et la démonstration par l’absurde de l’iniquité du traitement dont il avait été victime.
Pamphlet, farce, parodie, satire… de la politique, en somme, comme se doit de faire tout humoriste qui veut s’élever et utiliser le rire pour stimuler l’intelligence. Le rire sans soumission, car Dieudonné ne plie plus. Chassé du sérail, il est souverain, gaulliste.
De Dieudonné je suis passé à Soral. Là, j’ai découvert un discours qui déconstruit la vision apprise de notre société et du monde, en utilisant d’autres points de vue, d’autres éclairages. Pas comme aurait pu le faire le journalisme classique, non, car était proposée une explication du fonctionnement de notre société du point de vue de l’Iran, de la Russie, des non-alignés ou d’intellectuels remettant en cause le confort de la certitude (Clouscard, entre autres). Au-delà de l’information fournie telle quelle, ce sont les outils utiles à son décryptage qui m’ont été précieux.
C’est alors que j’ai compris le sens de l’invitation de Faurisson avec le déporté juif « en habit de lumière ». On va rire de ça aussi : une bombe. La question éternelle revient alors : qui reçoit la bombe ? L’Archiduc et sa famille ou bien le symbole qu’ils représentent ? Et d’ailleurs, quel est le symbole ? Où est la place du sacré, de l’icône, dans un État de droit laïc ? Existe-t-il un Dieu laïc dont l’existence est proclamée par la Loi ? le blasphème puni par cette même Loi ? Un Dieu avec ses prêtres, ses croyants et surtout ses infidèles ? Quid de l’iconoclastie ?
Bien sûr qu’Il existe, et c’est contre ce Dieu et la toute-puissance de ses prêtres autoproclamés et usurpateurs que Dieudonné se révolte, tout comme Coluche, chez Polac, balançait des médailles en chocolat aux anciens combattants. Métaphore de : « Vous commencez à nous faire chier. » Prémonition daliesque de quenelle.
Nous venons de voir se déchaîner la violence d’un système pris de panique car démasqué. Un système qui utilise un veau d’or pour soumettre les foules, au profit d’un communautarisme délétère à la Nation. Quels dégâts sur l’opinion par les mensonges de Jakubowicz sur la quenelle ? Quels dégâts sur l’opinion par l’intervention de Valls auprès du Conseil d’État ? Quels dégâts sur l’opinion par l’acharnement médiatique, fiscal, policier, par l’impunité des groupuscules terroristes ? Grâce à Soral et Dieudonné, c’est toute une mécanique d’individus qui a dû sortir de l’ombre pour réprimer, au mépris de toutes les vraies valeurs républicaines (souveraineté, légitimité, légalité), une prise de conscience pacifique du peuple. Quelle peur doit-être la leur, pour qu’ils s’acharnent sur ceux qui pensent, enfin, l’évidence ?
Mais le combat de ces élites finissantes est bien mal engagé, car ils ne contrôlent plus l’information. Les jeunes chantent La Marseillaise, accueillent les journalistes aux cris de « BFM menteurs ! », raillent les pseudos-intellectuels aux discours lénifiants. La tromperie politico-médiatique est manifeste, obscène. Je n’aurais jamais crû voir de mes yeux ce qui me faisait ricaner quand je l’entendais, autrefois, dans la bouche de Le Pen : l’Établissement. D’un côté quelques centaines d’Apparatchiks veules, lâches et traîtres, de l’autre des millions de citoyens rigolards, certes, mais lucides et ulcérés.
Et maintenant ? Maintenant tout commence. Tout continue. Le verdict des urnes sera terrible. Votez. Punissez.
D.M.
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