La question de la souveraineté est directement posée aujourd’hui par le comportement des institutions de l’Union européenne et de leurs dirigeants. Ces dernières ont pris le parti de ne considérer que le principe légalité et de l’établir comme l’unique principe de fonctionnement de l’UE, et ce au détriment de la légitimité.
À travers cette manipulation, elles peuvent faire disparaître le principe de souveraineté car, si seul compte le légal alors on n’a plus besoin du « juste », c’est à dire la légitimité, et l’on peut se passer de qui doit dire le juste, soit le Souverain. Mais, cette remise en cause est aussi à l’ordre du jour en raison de l’irruption du Constitutionnalisme économique sur la scène publique.
L’importance grandissante des constitutions économiques.
Le terme est inconnu du grand public, et pourtant la notion de constitution économique est aujourd’hui très présente. C’est elle qui est à l’œuvre dans les divers traités qui organisent désormais le fonctionnement de l’UE. Une constitution économique consiste en un cadre de lois et de règles que l’on prétend mettre hors d’atteinte du pouvoir légitime, qu’il s’agisse de celui du législateur ou de celui du gouvernement. On comprend bien où l’on veut en venir : n’ayant pu imposer un traité constitutionnel, en raison de son rejet par les peuples français et néerlandais, on a décidé de tourner la difficulté et d’imposer une constitution économique sous le couvert d’une nécessité technique. Telle est la nature des différents traités organisant désormais les pratiques budgétaires des États membres de l’UE. Ce faisant, néanmoins, on a opéré un pivotement fondamental de l’UE, et l’on est sorti des limites strictes de ce que l’on appelle la démocratie. Le terme de Constitutionnalisme économique désigne donc à la fois une théorie qui était jusqu’à ces dernières années un sujet pour spécialistes, mais aussi une pratique sur laquelle il va falloir réfléchir en raison de son importance.