Des forces spéciales de la Syrie s’égrènent le long des crêtes des collines juste au nord-est de Lattaquié, sur l’une des lignes de front les plus dangereuses du pays, sous les attaques quotidiennes de missiles des forces rebelles désormais renforcées par l’Isis.
Les officiers, qui sont tous des parachutistes, parlent de nouvelles tactiques et d’armes améliorées utilisées contre eux depuis que l’ISIS a saisi la ville irakienne de Mossoul, et disent qu’une partie du trafic radio de leurs ennemis est en langue tchétchène ou géorgienne.
Des rapports des services de renseignement parlent d’une unification des différentes factions rebelles se faisant appeler la Légion de la côte, un signe clair que les rebelles inspirés par l’ISIS [EEIL, Dae’ch, EI...] (y compris les militants d’ISIS eux-mêmes) ont l’intention de frapper à l’ouest vers la Méditerranée, à peine à treize kilomètres de distance.
Il y a fort à parier qu’une grande bataille se prépare dans ces montagnes couvertes de pins.
Les soldats eux-mêmes parlent des missiles à tête chercheuse thermique tirés sur eux dont ils ont une connaissance détaillée, et conviennent que le mélange de groupes islamistes au-dessus et à l’est mènent des attaques quotidiennes pour tester leurs défenses.
Curieusement, leurs patrouilles de surveillance sont de retour à l’aube pour faire des rapports sur le bruit des avions non identifiés qui volent de nuit dans l’espace aérien syrien en provenance de la Turquie, puis à l’est, profondément en Syrie.
Cela a commencé il y a environ vingt jours. Ils ne savent pas si les machines, des drones ou des avions, sont américaines et ils n’ont entendu aucune frappe aérienne de jour ou de nuit. Mais leurs officiers parlent des nouvelles armes antichars TOW qui sont apparues aux mains des rebelles.
Un officier m’a montré un site islamiste vidéo de rebelles tirant une roquette à tête chercheuse dans son propre campement juste au nord d’ici, à Qastel Ma’af. On peut voir le missile exploser, mais, en fait, il se désintègre contre les revêtements de béton autour d’un réservoir.
Mais quand un caporal a traîné un plein sac de pièces détachées de missiles dans un local de la forteresse au sommet de la colline , il contenait quelques preuves fascinantes sur la nature de l’arsenal rebelle. La plupart des missiles se fragmentent en milliers de morceaux au moment de la détonations mais il y a tout juste un mois, le 26 septembre, un missile guidé a explosé en profondeur sous le sable et la terre et les fragments montrent clairement le nom du fabricant d’armes américain, des cartes de circuits imprimés et la référence codée de l’arme.
Une partie du missile identifie l’entreprise Eagle-Piche IND (Indiana) Inc. comme le fabricant, et dit, en anglais, qu’il est chargé d’hélium, ajoutant, plutôt ironiquement, les mots : « ATTENTION : Contient 6400 PSIG He (High explosif), la loi fédérale INTERDIT LE TRANSPORT SI IL A ETE rempli à nouveau, les pénalités vont jusqu’à 25000 $ et cinq ans d’emprisonnement (loi 49 USC 1809) ». Les Syriens ne savent pas comment cette arme, qui semble avoir été fabriquée depuis aussi longtemps que 1989, a fait son chemin depuis les États-Unis jusqu’aux mains des rebelles islamistes de leur pays ; mais il ne serait pas difficile pour les Américains de le découvrir. Son codage informatique complet est : DOT-E7694 NRC6400 / 11109/79294 M1033 ASSY 39317 MFR 54080.