La police de l’Autorité palestinienne a arrêté des militants du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) le 12 avril dernier à Ramallah. Alors que ces derniers sont toujours en attente de jugement, la « brutalité » de la police est pointée du doigt par les ONG.
Accusés de « provocation, émeutes et violation de la tranquilité publique », Zaid Shuaibi, Fajr Harb, Fadi Coran et Abd al-Fatah Hamayel ont été incarcérés suite à une protestation au Théâtre Al-Kasaba à Ramallah contre la représentation d’une troupe de danse indienne qui s’était auparavant produite à Tel-Aviv, « violant » ainsi « le boycott culturel d’Israël » selon Zaid Shuaibi.
L’incident a abouti à une décision de la dite Autorité palestinienne de poursuivre les quatre militants BDS en justice. Le ministère de la Culture a même publié une déclaration peu après l’arrestation accusant les manifestants de « violence » et de « propos injurieux ». Alors que les quatre hommes devaient comparaître le 28 mai devant le tribunal, leur procès a été reporté au 14 juillet, les policiers palestiniens n’ayant pu se déplacer le jour du procès.
Dans un communiqué publié le 25 mai, l’organisation Amnesty International décrit la manifestation comme « pacifique » et appelle l’Autorité palestinienne à « abandonner les charges pénales contre quatre militants de la campagne BDS et à veiller à ce qu’une enquête indépendante et impartiale ait lieu concernant les allégations de mauvais traitements […]. Le traitement dont il est fait état concernant les quatre hommes, une fois en garde à vue, a miné leur droit à un procès équitable et suscite des préoccupations sur le risque qu’ils soient punis pour leur protestation politique. »
Eric Goldstein, directeur adjoint de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a pour sa part constaté qu’il est « absurde que le système de justice palestinien poursuive les victimes de la brutalité de la police plutôt que leurs agresseurs. […] La Palestine doit commencer à respecter ses obligations en matière de droits de l’homme en exonérant les victimes et en obligeant la police à rendre des comptes. »
Le zèle de l’Autorité palestinienne n’a pas que des détracteurs puisque JSS News (9 juin 2014) s’est félicité du traitement de l’affaire par l’Autorité palestinienne, jugeant avec son excitation paranoïaque habituelle que le BDS « prône en fait une solution identique à celle des nazis : une “Palestine judenrein”, c’est-à-dire, purifiée de ses juifs ».