Le secrétaire d’État John Kerry est désormais chez lui au Moyen-Orient, pour prouver l’ « engagement USA pour la paix » dans cette région cruciale.
À Istanbul il a demandé au premier ministre turc Erdogan, qui sera reçu par Obama en mai, de renvoyer sa visite à Gaza « pour ne pas gêner la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes ».
En même temps, est arrivée à Istanbul une équipe de fonctionnaires israéliens pour le dédommagement des familles des pacifistes turcs tués ou blessés dans l’attaque contre la Freedom Flotilla en route pour Gaza, qui a eu lieu selon Netanyahu à cause d’ « erreurs opérationnelles ».
Version acceptée par Erdogan, mais pas par les familles des victimes, qui ont refusé le dédommagement (100 000 dollars par famille) en posant comme condition qu’Israël abolisse les restrictions de mouvements des personnes et des marchandises à Gaza.
Kerry a entre-temps annoncé un plan pour donner une impulsion à l’économie palestinienne, auquel collabore la multinationale Coca-Cola. Résultat garanti : les Palestiniens ne pourront pas avoir le gaz de leurs gisements à Gaza, dont ils ont été expropriés, ni l’eau qui leur est enlevée par les Israéliens, mais en compensation ils pourront boire du Coca-Cola.
Pour renforcer l’engagement états-unien pour la « paix au Moyen-Orient », est arrivé le néo-secrétaire à la défense Chuck Hagel, pour une visite en Israël, en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis : les trois alliés à qui les USA vendront un autre « paquet » d’armements d’une valeur totale de 10 milliards de dollars.
Autre gros business pour l’industrie guerrière étasunienne. À Israël vont être fournis les armements les plus avancés : des missiles de nouveau type, plus efficaces que les précédents, pour détruire les radars ennemis au moment de l’attaque ; des radars encore plus avancés pour les chasseurs bombardiers ; de nouveaux avions citernes KC-135 pour l’approvisionnement en vol ; des vélivoles pour le transport de troupes V-22 Osprey, un hélicoptère-avion hybride, qu’Israël sera le seul à posséder en plus des USA. Israël ne les paiera qu’en petite partie, parce qu’il reçoit cette année des USA une « aide militaire » de 3 milliards de dollars. Ces armements sont destinés à potentialiser la capacité d’Israël à attaquer l’Iran et d’autres pays de la région.
La position de Washington, qui juge « prématurée » une attaque unilatérale israélienne contre l’Iran, ne vise donc pas à empêcher cette attaque mais à mieux la préparer et la coordonner.
Même objectif pour les armements fournis aux deux alliés arabes : ceux-ci recevront des bombes de précision, qui sont larguées à distance de l’objectif. Ce sont des armes adaptées aux 84 chasseurs F-15 que l’Arabie saoudite est en train d’acheter aux USA, dans le cadre d’une maxi fourniture de 29,5 milliards de dollars décidée en 2010, et aux 26 F-16 que les Émirats arabes unis achèteront avec la nouvelle fourniture.
Enfin, Kerry et Hagel ont annoncé le redoublement de l’aide états-unienne aux « rebelles » syriens et l’envoi d’autres militaires en Jordanie pour une possible intervention dirigée contre la Syrie. Mission « de paix » réussie : guerre assurée.