Les policiers ne sont pas intervenus lorsque, le 18 août dernier au soir, plus d’une centaine de manifestants ont pris d’assaut l’hôtel de ville de Montréal, forçant l’entrée de la salle du conseil municipal.
Pendant une dizaine de minutes, ces fonctionnaires, qui protestent contre un projet de loi sur les régimes de retraite, ont joyeusement chahuté la séance du conseil municipal de Montréal en lançant des papiers et des verres d’eau, tandis que le maire, Denis Coderre, s’était réfugié dans son bureau. Ce dernier déclarait le lendemain :
« J’ai constaté comme vous qu’il y a eu un laxisme dans certains pans de l’hôtel de ville. On me dit qu’il y a eu des interventions dans une partie, mais je sais que du côté de mon bureau, il n’y en a pas eu. Je le sais, j’étais là. »
Et le 26 août Anie Samson, responsable de la sécurité publique et vice-présidente du comité exécutif à la Ville de Montréal, déclarait tapageusement :
« Il y a des gens qui ont perdu leur job et qui ne le savent pas encore. »
Tandis que l’Association des pompiers de Montréal publiait un communiqué pour signaler qu’elle n’entendait « d’aucune façon répliquer, pour l’instant du moins, aux déclarations déplorables » d’Anie Samson, le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, demandait un transfert de l’enquête policière du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à la Sûreté du Québec (SQ), car Anie Samson s’était selon lui « substituée aux enquêteurs », constituant ainsi une « ingérence politique » dans les affaires policières.
En vain. Hier, 29 août, le chef du SPVM, Marc Parent, annonçait le dépôt de 44 accusations criminelles contre des employés municipaux qui avaient pris part au chahut. Le maire Denis Coderre annonçait de son côté que 63 employés municipaux faisaient l’objet d’une enquête administrative. 39 employés – parmi lesquels figurent 30 pompiers – ont été suspendus sans salaire alors même que les résultats de l’investigation disciplinaire n’ont pas été encore rendus. Les sanctions pourraient aller jusqu’au congédiement définitif.
Cet épisode intervient alors qu’un projet de loi – dit projet de loi 3 – est en ce moment à l’étude au Québec. Il vise notamment à suspendre l’indexation sur les prix dans le versement des municipalités aux régimes de retraite de leurs employés. Les syndicats ont promis au gouvernement un « automne chaud ».