Ce n’est pas un point de détail : c’est un juif qui permet à Jean-Marie Le Pen d’affirmer désormais en toute tranquillité que « le régime de Vichy est excusable » [1]. Comment expliquer l’apologie d’un régime par un individu issu d’une communauté dont ce régime a été un acteur zélé de l’extermination ?
La compétition raciale autour de la question : « qui sont les plus Français ? » entre, d’un côté les juifs, de l’autre les noirs et arabes des quartiers populaires, qu’Eric Zemmour et le couple Dieudonné-Soral alimentent et dans laquelle ils tiennent des positions en miroir, donne une piste de réponse.
[...] Les logiques intellectuelles d’Eric Zemmour et du couple Dieudonné-Soral, en miroir l’une de l’autre, reposent sur trois mythes partagés.
Le premier, c’est une vision tribalisée de la société, dans laquelle les individus seraient déterminés principalement si ce n’est exclusivement par la catégorie racialo-identitaire à laquelle ils sont censés appartenir : « juif », « noir », « arabe »...
Le second, c’est l’idée selon laquelle il n’y aurait pas de place en France pour, à la fois, les noirs et arabes des quartiers populaires, et les juifs. Cette idée prolonge la théorie du « grand remplacement » qui affirme que s’il y a des immigrés en France, il n’y aura plus de Français, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de place en France pour des Français et des immigrés à la fois.
Le troisième, c’est que l’extrême droite serait la représentante du peuple majoritaire, du « pays réel », avec laquelle il faudrait faire alliance pour gagner cette compétition raciale existentielle. L’enjeu est de savoir qui sont les plus Français et l’extrême droite, qui n’en espérait pas tant, est appelée par les uns comme par les autres à donner sa sentence.