Dix-huit mois après le décès de son mari, abattu dans les locaux de Charlie Hebdo, Gala Renaud a décidé de poursuivre en justice la nouvelle direction du journal. Et parle de « trahison ».
Le courrier a été transmis en fin de semaine dernière au procureur de la République de Paris. Dans ce document de cinq pages, Gala Renaud et son conseil, Me Portejoie, contestent clairement l’affectation des millions d’euros amassés par Charlie Hebdo après la tuerie du 7 janvier 2015.
Leur démonstration s’appuie notamment sur les propos de Philippe Val, l’ex-directeur de l’hebdo satirique, qui s’était engagé à reverser l’intégralité des recettes du numéro dit « des survivants » aux familles des victimes. Un appel à la générosité était parallèlement lancé pour assurer l’avenir du journal.
D’après les chiffres avancés dans la plainte, les ventes historiques de la Une Tout est pardonné ont rapporté 12 millions d’euros. Contre 4,3 millions provenant des dons.
S’en suit alors, selon Gala Renaud et son avocat, une « volte-face » : la nouvelle direction de Charlie décide de conserver les bénéfices colossaux issus des ventes. « Quant aux dons, poursuit la plainte, tout ou partie de ceux-ci aurait été reversé sur le compte de l’association “Les Amis de Charlie” ». Celle-là même qui a fait une proposition d’indemnisation à Gala Renaud le 29 février (d’un montant de 141 000 euros pour elle et sa fille).
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« Cette procédure, complète Me Portejoie, c’est le choix de Gala. Je suis évidemment à ses côtés. Sa démarche est fondée sur le plan moral, mais surtout juridique. En tant que victime, elle a un droit de regard légitime sur l’affectation des sommes collectées après la tuerie. Son statut l’autorise à demander des comptes ».
« Nous sommes étonnés et choqués, réagit Éric Portheault, le directeur de “Charlie”. Nous avons toujours déclaré que le produit de la vente du journal serait consacré à assurer sa pérennité. Ce choix légitime ne saurait être remis en cause par cette initiative sans aucun fondement juridique ou moral. Nous ne comprenons pas la démarche de la plaignante […] et en déplorons le caractère inutile et déplacé ».
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« Je ne fais pas ça pour l’argent, mais pour la mémoire de mon mari, conclut Gala Renaud. Avant la tuerie, Charlie était dans une situation financière catastrophique. C’est désormais le journal le plus riche de France. Je ressens ce déséquilibre comme une injustice profonde. Michel n’est pas mort pour ça ».