Très critique sur le principe d’un système de monnaie unique, Currency Wars, de Hongbing Song, s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires dans son pays.
Qui avait entendu parler en France d’un ouvrage chinois sur la guerre des monnaies ? Son auteur Hongbing Song est une personne influente dans son pays. Il a l’écoute d’un certain nombre de personnalités du Comité Central du Parti Communiste. Paru en 2007, juste avant le début de la crise financière occidentale, Currency Wars est devenu un véritable best-seller en Chine puisqu’il a été vendu à plus de deux millions d’exemplaires.
Son contenu déroule l’histoire de la construction du système monétaire occidental depuis les deux derniers siècles. Il s’agit d’une grille de lecture sur la construction d’un mode de domination marqué par de multiples rebondissements depuis l’ère des Rothschild jusqu’à la configuration anglo-saxonne du modèle financier actuel. Hongbing Song est un chercheur en économie qui a passé plusieurs années aux États-Unis.
Il ne craint pas la polémique puisqu’il fait une analyse très critique du rôle des places de Londres/Wall Street. Sa thèse est peu surprenante de la part d’un citoyen d’un pays communiste : l’empire britannique puis l’empire américain ont construit les bases d’un nouvel ordre mondial au profit d’une oligarchie financière. En Juillet 2009, l’auteur a publié une seconde édition intitulée Currency Wars 2 : World of Gold Privilege que la rédaction du Financial Times a présenté comme étant l’un des livres les plus populaires en Chine à la fin de 2009. Dans ce livre, Hongbing Song estime que la Chine n’a pas intérêt à participer à un système de monnaie unique qui lui soit défavorable.
Il ne craint pas la polémique et le soupçon d’antisémitisme
La réaction des milieux financiers occidentaux a été très hostile. A titre d’exemple, Fred Hu, directeur général du groupe Goldman Sachs a contesté le bien fondé de la problématique centrale de l’ouvrage en niant l’existence d’une guerre des monnaies. D’autres critiques parues dans le New York Times ont porté sur le caractère antisémite de certains passages qui présentent notamment certains financiers juifs comme des manipulateurs du système financier international.
Si le caractère polémique de cet ouvrage peut être exploité hors de Chine par différentes écoles de pensée, il est intéressant de constater que les droits d’auteur de l’ouvrage n’ont toujours pas été achetés par une maison d’édition anglo-saxonne. II a en revanche été traduit en plusieurs langues asiatiques (japonais, coréen). Notons qu’une version française vient d’être publiée par un petit éditeur proche de la droite nationaliste.