Une douzaine de pays dans le monde ouvrent les portes de leur armée aux ressortissants étrangers. Un seul le fait sur l’unique critère ethno-religieux, il s’agit d’Israël.
[...] En Israël, différents programmes permettent à tout juif non-israélien de porter l’uniforme de l’armée sans pour autant en faire des citoyens israéliens. L’origine remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand quelques milliers de volontaires, appelés les mahalniks, issus de dizaines de pays et partisans de la cause sioniste, vinrent soutenir par les armes la création de l’État d’Israël et, dès l’indépendance de 1948, aider la jeune armée israélienne en butte aux pays arabes voisins. Le principe est resté le même aujourd’hui. [...]
Contrairement à la plupart des autres pays, la motivation des volontaires n’est pas d’obtenir la nationalité par ce biais. La loi dite « du Retour », en vigueur depuis 1950, accorde en effet de droit la nationalité israélienne à tout juif migrant en Israël. La raison d’être de cet accueil dans l’armée est de « permettre à de jeunes Juifs de partout dans le monde de renforcer leur relation avec Israël et avec le peuple juif en se portant volontaire pour l’armée israélienne. Les programmes des Forces de défense israéliennes visent à contribuer à la défense d’Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, et à fournir de jeunes leaders compétents et enthousiastes aux communautés juives [1] ».
[...] La raison d’être de cet accueil au sein de l’armée israélienne est la même que pour les nombreux programmes civils offerts aux juifs non-israéliens : le renforcement des réseaux de solidarité au sionisme au sein des communautés juives dans le monde et leur entretien idéologique. Cette stratégie est poursuivie depuis la création d’Israël. Nombreux en effet sont les juifs noniisraéliens, notamment en France, à revendiquer leur appartenance morale à Israël, comme s’il s’agissait pour eux de compenser leur non-citoyenneté de l’État d’Israël, pays en permanence « menacé » auquel chaque juif se doit de donner sa contribution. Ces programmes, qu’ils soient militaires ou civils, semblent atteindre leurs objectifs auprès des impétrants, qui en reviennent généralement encore plus défenseurs de la cause israélienne qu’ils ne l’étaient auparavant.