"Désormais, nous considérons les anti-balaka comme des ennemis de la Misca. Et nous les traiterons en conséquence", a déclaré le général dans un entretien à la radio privée centrafricaine Radio Ndeke Luka, après les violences de ces derniers jours à Bangui au cours desquelles les soldats africains ont essuyé des tirs de la part d’anti-balaka.
"Ils se permettent de tirer sur des gens qui sont venus ici pour essayer de mettre un terme à cette crise au bénéfice du peuple centrafricain dont ils font partie", a poursuivi le général, ajoutant : "nous les tenons pour responsables des attaques ciblées qui ont visé nos éléments ces derniers jours".
Interrogé par des journalistes sur les accusations du général, un des "coordonnateurs" autoproclamés des anti-balaka, Émotion Brice Namsio, a affirmé que des soldats de la Misca avaient tiré sur la population.
"Des éléments de la Misca se sont déployés samedi et dimanche au quartier Foûh et se sont mis à tirer sur la paisible population et on veut à chaque fois faire endosser la responsabilité aux anti-balaka. Non, trop c’est trop. Les anti-balaka ne sont pas là pour ça", a assuré ce chef anti-balaka.
"Nous demandons à la population de garder le calme et de vaquer librement à ses occupations. Les anti-balaka ne riposteront à aucun tir, ni à aucune attaque. Ils ne sont pas des ennemis de la paix, mais c’est la Misca qui est l’ennemi du peuple centrafricain", a-t-il affirmé.
Nouvelle flambée de violence
Samedi et dimanche, des affrontements ont éclaté au PK-5 entre des groupes armés, opposant notamment des anti-balaka et des pillards à des musulmans encore retranchés dans ce secteur.
Cette nouvelle flambée de violences ayant provoqué des ripostes de la Misca et de la force française Sangaris a fait une vingtaine de tués ces derniers jours dans la capitale.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des tirs sporadiques ont été entendus dans des secteurs de Bangui où sont installés des anti-balaka, qui ont par ailleurs érigé des barricades sur certaines artères de la ville, perturbant la circulation.
Près de 2 000 soldats français sont déployés au sein de la force Sangaris en Centrafrique, où ils agissent officiellement "en soutien" des 6 000 hommes de la Misca, pour rétablir un minimum de stabilité dans le pays.
Lundi a marqué le premier anniversaire du renversement du régime de François Bozizé par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, le 24 mars 2013.
L’ancienne colonie française est livrée au chaos depuis un an et traverse une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés fuyant les violences.
Formées en réaction aux exactions contre la population perpétrées pendant des mois par les combattants essentiellement musulmans de la Séléka, les milices anti-balaka s’en prennent depuis à la population musulmane.
Ces violences ont provoqué un exode des musulmans de régions entières du pays. Pour ceux qui restent, la situation est "insupportable", a dénoncé vendredi Peter Bouckaert, directeur Urgences de l’ONG Human Rights Watch.