Des soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca) ont ouvert le feu lundi matin à Bangui sur des manifestants rassemblés près de l’entrée de l’aéroport, tuant une personne, ont constaté un photographe et un vidéaste de l’AFP.
Plusieurs milliers de manifestants majoritairement chrétiens étaient regroupés près de l’entrée de l’aéroport pour demander le départ du président Michel Djotodia. Les manifestants exigeaient également le départ du pays des soldats tchadiens de la Misca, aux cris de Pas de Tchadiens à Bangui.
Certains d’entre eux portaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les slogans : Oui à l’opération Sangaris (de l’armée française), non à l’armée tchadienne, ou Oui à la France, non à la Séléka (ex-rébellion musulmane, au pouvoir depuis mars 2013).
Vers 7H40 locales (6H40 GMT), deux 4X4 de soldats tchadiens ont alors fait irruption et se sont approchés du rassemblement. Des manifestants ont commencé à jeter des pierres dans leur direction. Les militaires tchadiens ont réagi en tirant en l’air et dans la foule.
Une personne a été tuée par balle et une autre blessé, a-t-on constaté.
Des soldats français sont intervenus assez rapidement, notamment pour évacuer les victimes, mettant fin à l’incident. L’accès à l’aéroport n’a pas été bloqué.
Dans le reste de la capitale, la situation était calme lundi matin, avec une reprise notable de l’activité. Aucun incident majeur n’a apparemment eu lieu pendant la nuit de dimanche à lundi.
De nombreux Centrafricains accusent les Tchadiens de la Misca de complicité avec l’ex-Séléka. Des ressortissants tchadiens ont été la cible ces dernières semaines des attaques des milices d’autodéfense chrétiennes anti-balaka et de la population. Dimanche, N’Djamena a annoncé le rapatriement de ses ressortissants en Centrafrique.
Près d’un millier de personnes ont été tuées depuis le 5 décembre à Bangui et en province dans des violences entre chrétiens et musulmans, selon Amnesty International. La plupart des victimes ont été tuées dans des représailles de la Séléka, mais également dans les attaques et atrocités des milices anti-balaka.
Ces violences ont précipité l’intervention militaire de la France, qui tente depuis lors de désarmer les belligérants et opère en appui à la Misca, forte de 3 700 militaires.
Après un répit de quelques jours, les incidents ont repris depuis jeudi soir, éclatant de façon intermittente dans plusieurs quartiers où les tensions intercommunautaires restent vives et la situation extrêmement volatile.
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