Le 25 mars 2015, l’Arabie Saoudite a déclenché une opération militaire de grande envergure contre le Yémen. La coalition regroupe principalement une dizaine de pays arabes et vise ceux qu’on appelle les « Houthis », du nom de leur ancien chef Hussein Badreddin al-Houthi, remplacé depuis son exécution par Abdelmalek al-Houthi. Son mouvement, Ansar Allah, s’inspire du Hezbollah libanais, clame sa solidarité avec Bachar al-Assad et possède des liens étroits avec la République islamique d’Iran. À l’heure actuelle, l’opération « Tempête décisive » menée par l’Arabie Saoudite et ses alliés se poursuit avec d’intenses bombardements aériens, qui ont provoqué la mort de plusieurs centaines de personnes dont de nombreux civils.
Une guerre confessionnelle ?
De nombreux médias tentent de présenter ce conflit au Yémen à l’aide du prisme confessionnel, il s’agirait d’une guerre entre sunnites et chiites. Les « houthistes chercheraient à imposer leur courant religieux chiite zaydite à l’ensemble du Yémen.
La réalité est bien plus complexe. D’après Laurent Bonnefoy : « En dehors de ces cercles militants, pour la majorité des Yéménites, le référent zaydite apparaissait comme non pertinent ou alors marginal. Un processus de convergence, instrumentalisé par l’État, appuyé par le système scolaire, validé par les clercs et induit par l’augmentation des migrations internes qui apportaient une nouvelle mixité confessionnelle dans les villes a, entre les années 1970 et 2000, largement effacé la distinction entre sunnites et zaydites. Il faut dire que sur le plan du dogme, le zaydisme chiite apparaissait dès l’origine proche de l’école sunnite chaféite [1]. »
L’explication confessionnelle résiste également mal au fait que les forces armées restées fidèles à l’ancien président Saleh aient fait alliance avec les houthis. Ces derniers combattent avant tout l’ancien président Hadi chassé du Yémen, dont la politique était si contestée qu’il n’a pas pu trouver refuge dans un seul village de son pays. Il a fui à Djibouti puis a rejoint l’Arabie Saoudite, envers laquelle son allégeance est totale.