Anne Hidalgo, en bon relais des idées progressistes, veut zapper dans son Paris les écrans géants sur lesquels les foules regardent les matches de la Coupe du monde. L’animateur Cyril Hanouna se lâche sur l’édile et son « hypocrisie ».
Bon. j'suis pas connu pour être le + grand fan d'Hanouna qui soit , mais on m'a envoyé ça ce matin fallait que je vous le partage ( c'est en +sieurs parties suivez le fil pour la suite) #saccageparis #Hidalgodestitution #tpmp #hanouna #boycottqatar pic.twitter.com/xRkSHHlEw9
— JT ✍ (@JTimmiah) October 6, 2022
S’il y a des contradictions internes dans la machine progressiste (on les réunit chez E&R sous le titre « Bug dans la Matrice »), on peut se demander pourquoi la gauche culturelle lance le mouvement de boycott de la Coupe du monde au Qatar.
Est-ce pour ces raisons humanitaires, parce que 6 000 ouvriers asiatiques sont morts sur les chantiers qataris ? Est-ce pour des raisons politiques parce que le Qatar soutient les Frères musulmans ? Est-ce pour des raisons géopolitiques parce que le Qatar ne s’aligne en apparence plus sur l’axe américano-sioniste et partage avec l’Iran l’exploitation d’un gigantesque champ gazier dans le Golfe ?
Pour cela, revenons sur les relations qu’entretient ou entretenait le Qatar avec la France. Il y a peu, Anne Hidalgo en personne se félicitait de l’excellence de ces relations. Cela n’a peut-être aucun rapport, mais un livre d’enquête a révélé les liens de corruption du Qatar avec nombre de politiques français (de droite et de gauche) dans Nos très chers émirs. Il y évoquait les officiels du Golfe comme des « distributeurs de billets de 500 euros ».
Anne Hidalgo a longtemps chouchouté le Qatar mais aujourd’hui elle ne veut plus en parler ⬇️#Quotidien pic.twitter.com/2KWjG2X5A9
— Quotidien (@Qofficiel) October 6, 2022
À coups de cadeaux et de grands contrats, les princes qataris ont acheté la passivité de grands dirigeants français sur la pénétration des Frères musulmans en France via de nombreuses associations. Et leur silence sur le financement de Daech en Syrie et en Irak. Sarkozy était le grand ami du prince Al-Thani. En 2014, dans Complément d’enquête consacré au QatarGate, France Info écrit :
Pourtant, des questions se posent : Michel Platini a-t-il été influencé ? Pourquoi a-t-il révélé son vote, normalement tenu secret ? Fin 2010, Michel Platini, l’un des 22 votants pour l’attribution du Mondial, est invité à déjeuner à l’Élysée par Nicolas Sarkozy, un grand ami du Qatar. Le président de la République lui réserve alors une drôle de surprise.
Les Qataris ? « Sulfureux mais incontournables »
Pas la peine d’avoir fait l’ENA pour comprendre que les Qataris ont acheté leur Coupe du monde, qui fait partie d’un grand plan diplomatique, et qui met un coup de pied de chameau au grand rival qu’est l’Arabie saoudite.
L’argent du pétrole a fait du Qatar une puissance d’influence régionale, l’argent du gaz peut en faire une puissance mondiale. Après un siècle de règne du pétrole, celui du gaz est arrivé. Les pays européens, punis par les Américains pour avoir consommé du gaz russe, se tournent vers le Qatar pour la fourniture de gaz, TotalEnergies vient justement de signer un énorme contrat avec Qatar Energy. Comme dirait l’autre, ça oblige...
Le Mondial de football est en outre une formidable vitrine pour ce micro-État de 11 000 km2, soit la superficie de la Gironde, et de 2 500 000 habitants, soit l’équivalent du département du Nord.
Nantis de ces informations, on se dit que la Hidalgo est complètement à l’ouest. Ou alors elle fait ça pour emmerder la Macronie, qui veut profiter de la manne comme le firent Sarkozy et Hollande (lui, c’était plutôt l’Arabie saoudite). Elle est peut-être dingo sur le progressisme, mais elle est loin d’être folle sur le politique.
Georges Malbrunot, coauteur du livre sur les liens de corruption franco-qataris, est invité sur Radio Courtoisie (!) en juin 2022. Il entre dans le débat à partir de 14’15.
« Ce petit pays a une diplomatie extrêmement agile, extrêmement efficace, qui le rend encore une fois incontournable dans la plupart des crises qui agitent notre planète. »
Pour l’invité Jean-Pierre Marongiu (à partir de 18’36), « c’est une stratégie américaine » : le Qatar n’est qu’un pion dans la stratégie américaine antirusse.
Ou comment passer d’un clash people à la stratégie de l’Empire... De là à dire qu’Hanouna fait le jeu des Américains, il y a un pas que nous ne franchirons pas.